L'Algérie exporte moins de 2 milliards de dollars en produits hors hydrocarbures. C'est le résultat d'une politique de désindustrialisation et de tout-import mise en place depuis plusieurs décennies. C'est le constat dressé par les participants à la conférence-débat organisée au centre de presse du journal El Moudjahid, consacré aux exportations hors hydrocarbures. «Durant les années 1980-90, l'Algérie exportait un milliard de dollars de produits hors hydrocarbures. Depuis 2008, on a atteint la barre des 2 milliards de dollars. La structure des exportations est toujours identique : produits bruts et très peu de produits manufacturés. C'est que l'industrie n'a pas repris malgré les efforts entrepris», constate Mohamed Benini, directeur général de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex). Ce n'est pas tout ! Les coûts logistiques pour les exportations découragent les clients étrangers, déplore-t-il. M. Benini a également égratigné les banques algériennes, estimant que ces établissements «ne sont pas proches des exportateurs, qui ne trouvent pas d'accompagnement». Zoheïr Bensilm, président de l'Association des exportateurs algériens, est scandalisé : «Les choses ne bougent pas ! A peine un milliard de dollars d'exportations. C'est malheureux. Personne n'est vraiment intéressé», lance-t-il, en estimant que la stratégie industrielle, projet de Hamid Temmar, sur laquelle les sociétés exportatrices fondaient beaucoup d'espoir pour sortir la tête de l'eau, s'est avérée du pipeau. «On n'a rien vu», ajoute-t-il. Le nombre des exportateurs affiliés dans son association síest réduit comme peau de chagrin, passant de 280 à 40 opérateurs. Il a déploré aussi que le Conseil national consultatif pour la promotion des exportations, prévu en 2004 n'ait pas encore vu le jour. «Tant que la facture des importations augmente, personne n'ira faire des exportations, pour la simple raison que les importations sont lucratives», dit-il, en indiquant que le circuit des exportations est un véritable casse-tête chinois au regard de la multitude de contraintes qui subsistent encore, dont le manque de financement par les banques. De son côté, Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME, a estimé que le gouvernement manque de visibilité en matière d'exportations hors hydrocarbures. «Sans une véritable mise à niveau de nos entreprises pour atteindre les standards internationaux, on ne pourra pas parler d'exportation», tranche-t-il. Contrairement aux années 1970, l'économie algérienne, selon lui, a connu une dangereuse désindustrialisation. «L'industrie nationale contribue à hauteur de 5,5% dans le PIB. C'est ridicule», proteste M. Bensaci, non sans rappeler que l'Algérie exporte peu de produits à forte valeur ajoutée. Il a déploré la rigidité des banques publiques dans l'accompagnement des entreprises nationales en général. En somme, les intervenants ont plaidé en particulier pour la mise en place d'une sérieuse politique de mise à niveau et de mesures fiscales, particulièrement des bonifications sur le taux d'intérêt des crédits à l'endroit de entreprises exportatrices.