Une désindustrialisation n'est pas seulement ou exclusivement le résultat de l'arrêt du processus d'investissement industriel. Elle peut être celui de la mise en hors jeu de nos entreprises par les importations qui se substituent à notre production industrielle. Cela est plus grave lorsqu'il s'agit d'une conjonction de ces deux phénomènes. Le fait qu'il y ait eu l'idée et la décision de mettre en place une nouvelle stratégie industrielle est-il consécutif au constat qu'existe sérieusement une menace qui aurait pour implication la désindustrialisation du pays ? Si au moins existait réellement un ensemble régional d'arrimage, d'intégration économique dans lequel s'établiraient des accords sur la répartition des industries à mettre en commun ou en complémentarité. L'Algérie se retrouve donc obligée de tout faire par elle-même et pour elle-même, ce qui est une tâche gigantesque, ce qui est onéreux, ce qui est pratiquement impossible dans un monde de division du travail. On a connu des restructurations qui n'avaient été que des multiplications d'entreprises par division et spécialisation par fonctions. Le seul résultat a été la prédiction de leur taille et le cloisonnement, mais de politique d'industrialisation, point. La conviction était grande que la réduction de leurs tailles devait les préparer à leur privatisation, ce qui revient à dire qu'en réalité, les privatisations et l'entrée dans l'économie de marché étaient " préméditées " depuis l'époque du socialisme des années 80. Quels sont les secteurs industriels qui se défendent plutôt bien depuis l'afflux des importations et qui résistent à ces dernières ? Quels sont ceux qui inquiètent par leur incapacité à résister ? Si au moins on arrivait à convaincre nos fournisseurs de produire là où ils vendent, c'est-à-dire en produisant chez nous ce qu'ils nous vendent, ou une partie des composantes de ces produits. Les pouvoirs publics ont conscience du fait que les importations vont mettre à bas ce qui nous reste d'industries. La demande intérieure est forte, pour ne pas dire colossale par rapport au nombre de consommateurs. Mais, les produits pouvant la satisfaire et sur lesquels se portent d'ailleurs les choix proviennent des importations donc nécessitent leur paiement en devises. Au lieu donc de produire pour des débouchés extérieurs et pour faire face à l'expansion du marché domestique, nous importons pour satisfaire la demande intérieure. Il est évident qu'ainsi, on ne pourra pas parler de conquérir des marchés extérieurs alors que le plus grave est de perdre notre marché intérieur. Serait-ce une utopie que d'ambitionner de parvenir en même temps , avec la production nationale, à des substitutions aux importations, à une relative satisfaction du marché national, et à des exportations hors hydrocarbures avec un montant qui couvrira au moins nos besoins alimentaires et de santé ? Des pays d'Asie avaient commencé par une stratégie de développement industriel volontariste fondée sur la conquête des marchés extérieurs ainsi que sur une population laborieuse dont l'épargne permet de financer la modernisation de l'économie. A ce boom de la production correspond la faiblesse des coûts salariaux qui permettent de rendre les prix pratiqués compétitifs, ce qui amène les pays occidentaux à exiger de ces pays leur alignement sur les normes sociales occidentales. Rien que pour une année, la Chine avait bénéficié de 65 milliards de dollars d'investissements étrangers. N.B