Cependant, le département d'Etat américain presse le gouvernement algérien d'agréer les associations religieuses non musulmanes. Une légère amélioration mais beaucoup de progrès restent à faire. Ni trop critique ni positif, le rapport du département d'Etat américain sur les libertés religieuses rendu public lundi, brosse un tableau mitigé sur le respect des cultes pour les non-musulmans en Algérie. Un droit pourtant garanti par la Constitution algérienne qui «prévoit la liberté de croyance et d'opinion et permet aux citoyens de créer des institutions dont les objectifs comprennent la protection des libertés fondamentales du citoyen». Mais sur le plan pratique, les choses semblent plutôt plus compliquées. En fait, le premier point à retenir de ce rapport présenté mercredi par la secrétaire d'Etat, Mme Hillary Clinton, au cours d'une conférence de presse, est que ce dossier est suivi de très près par le partenaire américain. Il constituerait même un point incontournable dans toutes les discussions menées avec les autorités algériennes, la société civile, les partis politiques. Principalement, les trois formations islamistes (MSP, Ennahda et El Islah). «Le gouvernement américain aborde ce sujet dans le cadre d'une vision globale visant à la promotion des droits de l'homme dans le monde.» La représentation diplomatique des Etats-Unis en Algérie ainsi que les envoyés spéciaux du département d'Etat s'inquiètent principalement du refus des services concernés d'agréer les association et les organisations «des minorités religieuses.» Le refus justifie, selon le même rapport, le recours de certaines «communautés» à la clandestinité pour pratiquer leur culte. En tout, 22 associations activent hors du cadre fixé par les lois, par crainte de voir leur demande rejetée. Sur ce point, le département d'Etat souligne que la commission algérienne des services religieux non-musulmans, qui est l'entité gouvernementale chargée de réglementer le processus d'inscription de cette catégorie de groupes, a reçu douze (12) demandes d'accréditation de groupes de différentes confessions protestantes. Le rapport en question rapporte les arguments de Daho Ould Kablia affirmant que «la question d'agrément sera réglée avec la révision de la loi sur les associations». Deux ans après la promulgation de la très controversée ordonnance 06-03 qui organise la pratique des cultes pour les non-musulmans en Algérie, le département d'Etat semble enfin convaincu des motivations des autorités algériennes visant à «réglementer ces pratiques et lutter contre le prosélytisme». Une société ouverte aux autres religions Les mêmes restrictions et les mêmes règles sont appliquées ajoute le rapport, pour la pratique de la religion dominante, l'Islam. Le rapport souligne le rappel à l'ordre fait aux écoles privées qui doivent inscrire la matière des sciences islamiques à l'école, sans pour autant critiquer cette mesure. Il a mis en exergue la condition faite aux candidats potentiels à la présidence d'être de confession musulmane et affirme que certains hauts responsables se trouvent dans l'obligation de cacher leur véritable appartenance religieuse afin de prétendre à un poste dans le gouvernement ou encore dans les institutions étatiques importantes. Parmi les points positifs soulevés par le rapport américain, c'est cette tolérance de la société algérienne envers les personnes qui pratiquent une religion autre que l'Islam. Aussi, les textes religieux non islamiques et les cassettes vidéo y afférentes sont disponibles en Algérie, précisant qu'Alger compte des magasins autorisés à vendre la Bible en plusieurs langues (arabe, français et berbère) et que les chaînes de radio publiques continuent à diffuser les services religieux de Noël et de Pâques en français. La liberté de culte est garantie par la loi et la religion Par ailleurs, le département d'Etat souligne la lenteur affichée notamment par la douane pour autoriser l'importation de ces documents. Ce rapport mondial note dans sa partie consacrée à l'Algérie que la Constitution algérienne proclame que l'Islam est la religion de l'Etat, mais que d'autres lois et règlements permettent aux non-musulmans la liberté de pratiquer leur religion dans la mesure où elle est en harmonie avec l'ordre public, la moralité et le respect des droits et des libertés fondamentales d'autrui. Abordant les changements positifs apportés dans le traitement des minorités religieuses, le document indique que le gouvernement algérien accorde une attention accrue aux préoccupations des groupes chrétiens, dont l'organisation de colloques sur les cultes religieux. Il affirme également que les dirigeants politiques et religieux algériens critiquent publiquement les actes de violence commis au nom de l'Islam. A Alger, poursuit-il, les services religieux chrétiens sont fréquentés principalement par les membres de la communauté diplomatique et les résidents étrangers venant notamment des pays occidentaux et de l'Afrique subsaharienne. Citant les dignitaires chrétiens vivant en Algérie, le rapport souligne que ces derniers affirment avoir de meilleures relations avec le gouvernement algérien, ajoutant que plusieurs dirigeants des églises en Algérie reconnaissent avoir reçu l'aide du ministère algérien des Affaires religieuses pour les procédures de demandes d'enregistrement des groupes religieux non-musulmans en vertu des lois en vigueur. Par ailleurs, le rapport indique que la conversion n'est pas illégale au regard du droit civil et l'apostasie n'est pas une infraction pénale, ajoutant que le gouvernement algérien autorise les groupes de missionnaires à mener des activités humanitaires à condition qu'ils ne s'adonnent pas au prosélytisme. Le département d'Etat indique que les ministères algériens respectivement des Affaires étrangères et des Affaires religieuses avaient organisé, en février dernier à Alger, un colloque intitulé «Le culte religieux: un droit garanti par la religion et par la loi», où des représentants des groupes religieux chrétiens et des chefs religieux catholiques et protestants américains et français y avaient participé. Enfin, selon les chiffres du rapport, ils seraient près de 50.000 entre chrétiens et juifs qui vivent en Algérie.