Pierre Cardin, cette légende de la haute couture française, continue de donner le meilleur de lui-même en continuant à créer des collections uniques. Lors de son dernier défilé de mode, organisé la semaine dernière à l'université de mode Bunka de Tokyo, le couturier a déclaré à la presse qu'il n'avait nullement l'intention de mettre un terme à sa carrière entamée il y a 60 ans. Bien au contraire, il est déterminé à la poursuivre.«Mon métier, dira-t-il, est ma drogue. Contrairement à ce que la plupart des gens peuvent penser, c'est un métier que j'aime et que je continue encore à exercer.» Agé de 80 ans, il ajouté que son métier est sa passion. Evoquant sa longue carrière, il a confié qu'il avait voulu très vite «devenir une marque, car une griffe ça disparaît au bout de trois mois, alors qu'une marque ça reste». «C'est pour ça que j'ai réussi depuis 60 ans dans ce métier.». Pierre Cardin peut se targuer d'être un avant-gardiste des années 1960. Si certains estiment que son entreprise a vieilli, il n'en demeure pas moins qu'elle pèse, aujourd'hui, plusieurs milliards, faisant travailler 450 personnes à Paris et jusqu'à 200 000 à travers le monde. Il est l'un des pionniers du «business model» de la licence, qui s'est, depuis, imposé dans l'univers de la mode : un contrat confiant la fabrication de produits à une entreprise en échange de royalties, pour l'utilisation du nom. Aujourd'hui, il revendique près d'un millier de produits allant des cravates à l'eau minérale, en passant par les dérivés du restaurant Maxim's dont il est le propriétaire. Pierre Cardin est convaincu que le métier de couturier est devenu très difficile. «La mode change à une allure vertigineuse. Il y en a tellement dans le monde. Il est impossible de changer de mode chaque année, c'est stupide. Les vêtements coûtent très cher», dit-il. Après avoir investi au Japon et surtout en Chine, où il est reçu avec tous les insignes mérités, Pierre Cardin mise beaucoup sur l'Inde et pense que d'ici 10 ans, ce pays aura dépassé la Chine. Pierre Cardin commence son apprentissage à l'âge de quatorze ans chez un tailleur à Saint-Etienne. Après un passage chez Manby, tailleur à Vichy, il monte enfin à Paris. En 1945, il débute chez Paquin, puis il entre chez Schiaparelli. Premier tailleur de la maison Christian Dior lors de son ouverture en 1947, Pierre Cardin participe ainsi au succès du tailleur Bar, qui, d'après le Harper's Bazaar, définit le New look en collaboration avec Christian Dior. En 1950, rue Richepanse, il rachète la maison Pascaud, alors spécialisée dans les costumes de scène, il y ouvre sa propre maison de couture.Sa première collection voit le jour trois ans plus tard en 1953. Il y présente des manteaux et des tailleurs d'une coupe impeccable, associant inventivité et sens du détail. En 1957, il est le premier couturier à imaginer le concept de prêt-à-porter, qu'il veut faire descendre dans la rue. Pour les grands couturiers traditionnels, c'est un énorme scandale. De ce fait, la Chambre syndicale de la haute couture le sanctionne et l'exclut pendant plusieurs années. Ce qui ne l'empêchera pas quelques années plus tard, son talent reconnu, d'y être de nouveau accueilli à bras ouverts. Pendant sa période d'exclusion, il présente pour la première fois, en 1959, une collection de prêt-à-porter «haute-couture» au Printemps. Il sera le premier à présenter un défilé de haute-couture dans un grand magasin et à faire ainsi descendre la mode dans la rue. Les plus grands musées du monde abritent des expositions sur les créations de mode et de design de Pierre Cardin. En outre, il a été récompensé avec plus d'une centaine de grands prix internationaux, tant dans le domaine de la couture, de l'art, du design que des affaires. Depuis 1960, Il fait partie des cinq Français les plus connus dans le monde. Il sera aussi le premier couturier à être élu membre de l'Académie des beaux arts à Paris. L'année dernière, il a été nommé Ambassadeur de bonne volonté de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il est à noter, par ailleurs, que Pierre Cardin est l'invité d'honneur des marchés d'antiquités Paul-Bert et Serpette du 2 octobre au 29 novembre 2010.Collectionneur de longue date, Pierre Cardin y présentera une sélection très personnelle de meubles, lustres et bibelots qu'il a chinés spécialement à l'occasion d'une «carte blanche». Ses coups de coeur seront exposés au «pavillon de lierre», au coeur des marchés, qu'il a souhaité aménager comme une maison d'habitation. Cette intervention inattendue s'inscrit dans une série d'événements autour du Japon et de son influence sur la culture occidentale, et notamment les arts décoratifs.