Expliquant la raison pour laquelle la loi de finances de 2006 a été élaborée sur la base d'un prix de référence de 19 dollars le baril de pétrole, une question soulevée maintes fois par les députés, Mourad Medelci, ministre des Finances, a indiqué, jeudi dernier, qu'il s'agit en fait d'un « choix politique » et que les 43 dollars ne sont qu'un « second prix de référence théorique » annoncé pour expliquer le déficit budgétaire. « Nous sommes en train de dépenser sur la base de 43 dollars et nous frôlons ainsi la ligne rouge. Personne ne peut nous garantir que les prix du pétrole ne connaîtront pas une baisse sensible », dira-t-il en réponse aux interrogations des membres de l'Assemblée nationale populaire (APN) sur les dispositions contenues dans le projet de loi de finances de 2006. Aux yeux du ministre, en adoptant cette stratégie, l'Algérie ne fait pas exception en ce sens que « beaucoup de pays exportateurs de pétrole élaborent aujourd'hui leurs budgets sur la base de prix référentiels oscillant entre 15 et 22 dollars le baril de pétrole ». Et d'ajouter que les perturbations des cours mondiaux du pétrole justifient cette prudence. Une prudence que le ministre promet d'atténuer les conséquences progressivement « si la situation demeure favorable », et ce, notamment avec le recours aux programmes complémentaires. En réponse aux questions évoquant le manque de transparence dans la gestion du Fonds de régulation des recettes, M. Medelci a indiqué que « toutes les informations sur ce fonds étaient disponibles et publiables » et que ce dernier, géré par la Banque d'Algérie, a accumulé, depuis sa création en 2000, des recettes de 2551 milliards de dinars, soit environ 32 milliards de dollars et a servi à rembourser 1047 milliards de dinars, soit 13 milliards de dollars de dettes publiques intérieure et extérieure. Selon le ministre, le solde du Fonds était, fin octobre, de 1504 milliards de dinars, soit 19 milliards de dollars environ. Concernant la réforme bancaire, le ministre s'est montré plutôt optimiste en affirmant que l'année 2006 sera celle de la mise en œuvre du nouveau système créé dans le cadre du processus de modernisation des banques. « Les scandales qu'ont connus certaines banques récemment n'auraient pas pu se produire si ce nouveau système existait auparavant », a estimé le ministre. Et d'ajouter à propos de ces scandales : « L'Etat prendra toutes ses responsabilités et traitera ces affaires sans état d'âme. » A la demande des députés qui ont interpellé le ministre sur la nécessité de réviser la loi cadre des lois de finances, vieille d'une vingtaine d'années, M. Medelci a promis de présenter cette loi une fois le processus de modernisation de la gestion du budget terminé. Le gouvernement compte annoncer prochainement le lancement de deux programmes spéciaux pour le développement des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, a révélé par ailleurs Medelci. Dotés chacun d'une enveloppe budgétaire de 200 millions de dinars, ces deux programmes « énormes », selon les termes du ministre, seront bientôt examinés et adoptés en Conseil de gouvernement. Acculé par l'interpellation des députés au sujet de la situation sociale alarmante que vivent des pans entiers de la population, au moment où le pays bénéficie d'une embellie financière sans précédent, le ministre des Finances a eu recours à cette annonce pour expliquer qu'« il existe des mécanismes en mesure de combler les lacunes et remédier aux insuffisances constatées ». Il en veut pour preuve les programmes complémentaires lancés entre 2003 et 2004 qui ont permis d'injecter pas moins de 248 milliards de dinars dans des projets de développement au profit de 44 wilayas. Poursuivant sur ce même élan, « le gouvernement entend mettre en œuvre d'autres programmes complémentaires de développement pour l'année 2006 au profit de 24 autres wilayas », affirme le ministre. Une autre enveloppe de 10 milliards de dinars sera débloquée pour résoudre les problèmes de distribution de gaz naturel dans les wilayas du Sud, annonce encore Medelci. Ce dernier a assuré aux députés que leurs inquiétudes et leur interpellation sont prises en considération, en particulier celles concernant « la nécessité d'allier les orientations économiques du pays avec les préoccupations sociales, le besoin d'instaurer une plus grande rigueur dans la gestion et d'aller vers une répartition plus équitable des richesses ». Il ne manquera pas de rappeler par là même que son département a pour « seule feuille de route le programme du gouvernement adopté et entériné par l'APN ».