Alger abritera, jeudi prochain, un colloque international sur les violences à l'égard des femmes. Des intervenants venus du Maroc, de Tunisie, de France, d'Italie et d'Espagne vont exposer leurs expériences en matière de prise en charge des femmes victimes de violences l Objectif : élaborer une loi-cadre consacrée à ce phénomène. Le choix de la date pour la tenue d'un tel colloque coïncide avec la Journée internationale dédiée à la lutte contre les violences dont sont victimes justement les femmes à travers le monde. Sous le slogan «Stop à la violence : les droits des femmes maintenant». Organisé par l'Association algérienne pour la planification familiale, en collaboration avec une quinzaine d'autres associations constituées en collectif national, ce colloque va réunir de nombreux représentants de la société civile et des militants des droits de l'homme nationaux et étrangers. Le débat portera sur les expériences algérienne, italienne, espagnole, tunisienne et marocaine, en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et de stratégie de protection de ces dernières. La première séance des travaux sera consacrée à la présentation de l'argumentaire du colloque par la sociologue Mme Fatma Oussedik, suivie par deux communications présentées par Mmes Fatma Oussedik et Faïka Medjahed, et relatives à l'état des lieux de la prise en charge des femmes victimes de violences en Algérie et du volet juridique. Des exposés relatifs aux expériences espagnole, française, italienne, tunisienne et marocaine seront à l'ordre du jour, avant de clôturer avec une conférence sur les perspectives, présentée par Mme Graba. A signaler que des débats publics vont ponctuer chacune des interventions et permettront à la centaine de participants de mieux cerner la grande problématique des violences à l'égard des femmes dans le monde en général et en Algérie en particulier. Dans l'exposé des motifs de cette rencontre, il est clairement expliqué que ces violences reflètent la volonté «d'enfermer» et de «soumettre» les femmes «aux besoins de leurs familles, parents, partenaires, supérieurs hiérarchiques, maris et enfants». Pour les organisateurs, «cette famille, qui reste, pour certains, l'ultime protection dans le contexte actuel, devient pour d'autres le lieu principal de leur oppression comme le montrent différents résultats qui seront présentés au cours du colloque». Selon eux, «les rapports que les femmes entretiennent avec les autres (des hommes, des femmes, les institutions de l'Etat) permettent seuls de comprendre le système de violence auquel elles sont soumises. On peut dire qu'elles sont livrées en pâture à des hommes eux-mêmes dépourvus de droits». Ils estiment que cette «réalité agressive masque, dans le même temps, aux observateurs d'autres changements qui affectaient et continuent d'affecter la région depuis les années 1950, comme l'émergence douloureuse d'un nombre de plus en plus élevé de femmes dans l'espace public. Ce mouvement, violemment combattu, doit être associé en grande partie au processus d'une scolarisation dont les contenus se sont, un temps, éloigné des textes sacrés, se nourrissent des révolutions scientifiques à l'échelle de la planète. Cela a concerné et concerne toutes les sociétés et les femmes dans ces sociétés. Des femmes, en Algérie, en nombre, avec ou sans voile, brisent la distinction espace public/espace privé qui a longtemps nourri les analyses sur les femmes musulmanes. A ce processus correspond le désir, souvent violent, de la société patriarcale de les contenir par le recours à des violences physiques, symboliques et juridiques, l'ensemble trouvant une légitimation dans des lectures de la religion et des coutumes. Ce qui est clair, c'est la volonté de maintenir les femmes à distance, par la référence familiale, de la vie publique, de l'activité politique». Pour conclure, les organisateurs rappellent «l'impuissance des centres d'écoute, la faiblesse des moyens des centres d'accueil, l'immobilisme politique de l'Algérie» de faibles moyens, qu'ils veulent «plus efficaces». Ce qui justifie, affirment-ils, «le rassemblement du plus grand nombre d'entre nous en vue de dégager, ensemble, une stratégie nouvelle. Comment construire notre révolte pour en faire une force de changement», précisant qu'ils attendent des débats «un plaidoyer en faveur» d'une loi-cadre contre les violences à l'égard des femmes.