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Privatisations : l'interminable débat
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Publié dans El Watan le 22 - 11 - 2010

Le thème de la privatisation continue d'être un déversoir de préjugés, d'intuition et parfois même de haine.
Les pros et les contres s'accusant mutuellement d'être incompétents, de Marxistes ayant perdu leurs repères, de charlatans néolibéraux et le reste. En règle générale, il est plus utile d'avoir un débat serein, respectueux et en dehors de toute prétention à détenir seul la vérité. Puisque c'est un domaine chargé d'émotion, nous allons présenter surtout les analyses et les conclusions des expériences réelles qui sont cautionnées par la vaste majorité des économistes (Krugmann, Sachs, Buchannan, Stigliz, etc.), tout en sachant que l'unanimité n'existe pas dans ce domaine. Nous allons également tenter de ressortir l'essence de la problématique. Lorsque les analyses se situent au niveau superficiel, il serait difficile de se débarrasser de ses préjugés. Alors osons examiner la question plus profondément pour voir s'il est possible d'améliorer la communication dans ce domaine.
Quelques repères
En premier lieu, situons le contexte de notre analyse. Nous nous plaçons dans le contexte d'un pays qui désire ériger une économie de marché. Nous évacuons donc le débat sur la possibilité de construire un autre type d'économie (Cuba, Corée du Sud etc.). Les pays qui avaient choisi la voie d'un développement hyper étatique, mais qui désirent à présent construire une économie de marché sont tous invités, par leurs dirigeants et par les institutions internationales, à privatiser. A cette étape-là, il faut déjà opérer des choix lourds de conséquences.
Quel type d'économie de marché faut-il entreprendre de construire ? Il existe plusieurs types de capitalisme. Le modèle américain ultralibéral, inégalitaire, peu social, et qui dérive en système financier de plus en plus déconnecté de la sphère réelle, n'a pas réellement inspiré beaucoup de pays en transition (sauf la Russie au début du processus). Il est de plus en plus rejeté, y compris par des pans entiers de la population américaine. Nous avons par contre au sein des modèles allemand et scandinave, les acteurs économiques sont plus coopératifs et la régulation limite la spéculation. Ainsi, les programmes sociaux permettent une meilleure distribution de la richesse.
Ce schéma inspire plus de respect et beaucoup de pays en transition y ont puisé de ces schémas (Pologne, Hongrie). Bien évidemment, il y a beaucoup de variantes du capitalisme (Français, Colbertiste, Japon). En général les choix historiques sont fortement ancrés dans les cultures nationales. Nous avons longuement étudié les interrelations entre les cultures et les choix économiques ou les méthodes de management. On ne peut pas greffer le modèle américain sur un pays comme la Norvège ou le Danemark. Le rejet sera imminent.
Dès lors qu'on a opté consciemment pour un schéma qui convienne à la culture et à l'histoire du pays, nous ne pouvons faire l'économie d'un débat sur la privatisation. Considérant l'histoire de notre pays, une économie de marché d'inégalité, d'exclusion, d'absence d'égalité d'opportunités, sera vite rejetée par la vaste majorité de la population. Mais alors pourquoi privatiser ? Pour une raison très simple en réalité : les experts maîtrisent à peine et péniblement les mécanismes de fonctionnement d'une économie de marché dotée d'un secteur privé dominant (dans la sphère productive). L'existence d'un secteur public peut non seulement être utile, mais parfois incontournable. Mais sa taille risque de poser problème.
Dès lors qu'il produit entre 25 à35% de la valeur ajoutée d'un pays (sauf pour les industries de rente) il devient source d'inquiétude pour les décideurs économiques. Disons la vérité crue : Nul ne détient actuellement le savoir dont nous avons besoins pour gérer une économie de marché avec un secteur public dominant. La Chine qui a une économie régionalement duale (dans une zone, c'est l'économie de marché qui prévaut) étend progressivement son secteur privé pour engloutir peu à peu le reste de l'économie. La Corée, la France et autres avaient promu un puissant secteur public pour le verser progressivement dans la sphère privée.
Nous ne connaissons pas un pays à économie de marché efficace qui a bâti un secteur productif public dominant et efficient sur une longue période. Les économistes actuels sont modestes. Ils savent qu'ils n'ont pas les outils, les schémas et les modèles pour faire fonctionner efficacement un vase secteur public. Comment éviter que la politique ne pollue l'économie ou que le secteur public devienne la vache à lait des politiciens ? Personne n'a la solution. Ceci n'implique guère que la simple privatisation règlerait le problème. En réalité, les décideurs ont les trois alternatives suivantes :
1. Refuser la privatisation et tenter de faire fonctionner efficacement un énorme secteur public : les dommages seront énormes
2. Privatiser chaotiquement : les méthodes, les outils et les modes de régulations seront inappropriés : les ravages seraient les mêmes, sinon pires que ceux du premier scénario
3. Privatiser selon un schéma qui professionnalise les branches et une régulation bien conçue : la situation et le bien-être de tous s'améliore.
On serait tous contre la privatisation si nous disposions à l'heure actuelle de connaissances pour faire fonctionner efficacement une économie super étatisé. Mais à ma connaissance, nous n'avons ni les schémas théoriques ni les expériences historiques pour nous permettre d'arriver à de tels résultats.
Cas Algérie
Le secteur privé hors hydrocarbures représente plus de 70% de la valeur ajoutée du pays. Peut-être que si l'on rajoutait le secteur informel il représenterait 90% de la production nationale. Nous ne sommes pas loin du niveau optimal. Mais le secteur public demeure budgétivore. Il draine beaucoup plus de ressources que son poids dans l'économie. Certains secteurs sont proches des situations de monopole. Les banques publiques gèrent 90% de l'épargne totale. Nous devrions réfléchir, à moyen terme, sur une restructuration du secteur qui pourrait inclure quelques privatisations.
Dans différents séminaires, on évoque la crise mondiale et le fait que le secteur privé aurait acheté des produits toxiques et nous aurions eu une crise beaucoup plus sévère. Nous avons là une version homme de paille (straw man version) de la privatisation. On postule que nous serions dans l'alternative deux : privatisation doublée d'une mauvaise régulation. Le Canada ressent moins fortement la crise que les autres pays parce que les régulations bancaires empêchaient ces dernières de se livrer aux activités spéculatives.
Qu'est-ce qui nous empêcherait d'être au scénario trois ? : Privatisation doublée d'une bonne régulation. Nous avons besoin d'avoir un secteur mixte dans le domaine bancaire, au moins au même niveau que nos voisins qui, à ma connaissance, n'ont pas perdu lourdement en acquisition de produits toxiques. Par ailleurs, les crédits de complaisance accordés aux entreprises publiques depuis 1990 et qui sont perdus à jamais représentent X fois les fonds propres des banques ; beaucoup plus que les produits toxiques subies par les grandes banques internationales (en proportion de leurs actifs). Par ailleurs, les subventions plus les crédits impayés au secteur public avoisineraient les 200 milliards de dollars (de quoi créer un secteur productif neuf dont la production et l'emploi atteindraient quatre à cinq fois la taille du secteur public actuel).
Il est curieux de noter que certains citoyens savent analyser ce qui aurait pu se produire si on avait privatisé les banques, mais évoquent peu les énormes ravages causés réellement par un système bancaire inerte, super étatisé et super bureaucratisé. D'un point de vue purement subjectif, nous aurions préféré que toutes les entreprises soient publiques et que l'économie fonctionne parfaitement bien. Nous serions tous actionnaires et nous allons tirer tous profit de ces bonnes performances. Mais nous savons que c'est impossible. Que ceux qui conseillent le gouvernement de nationaliser ou de ne pas privatiser nous donnent les modèles, les schémas, les principes avec lesquels fonctionnerait ce type d'économie super étatisé.
Non seulement ils auront un prix Nobel, mais l'humanité leur sera éternellement reconnaissante. Leurs intentions sont nobles, mais l'opérationnalisation de leurs recommandations est impossible. C'est l'équivalent d'un patient qui a un cancer au stade final et qui rétorque ainsi à son médecin : «Docteur je souhaite guérir la semaine prochaine». On ne peut pas avoir tout ce que l'on veut dans la vie. Une économie de marché sans privatisation est un vœu généreux ; tout le monde le souhaite (y compris moi-même), mais malheureusement, il demeure une «idole inaccessible».
Conclusion :
Nous avons intérêt à réfléchir sur comment mettre en place un schéma de privatisation et de régulation qui garantisse le succès de l'opération. Il est aussi nécessaire de définir quelles sont les entreprises qui doivent demeurer dans le giron public. A cette étape, nous aurions besoin de quelques dizaines d'entreprises stratégiques, de service public et d'exécution des politiques publiques. Nous devons également songer aux personnes qui seraient affectées par l'opération et qui doivent être prises en charge : crédits pour la création de micro-entreprise, formation redéploiement dans de nouveaux emplois, prise en charge sociale et assistance de tout genre. Aucune personne ne doit demeurer sans ressources à cause de la privatisation.
Par ailleurs, il est très utile de privatiser autant que possible pour les nationaux d'abord, au profit des managers, des travailleurs et les sortants de nos universités ; quitte à créer un fonds pour octroyer des crédits à ces derniers. Au lieu de débattre des meilleures voies et moyens pour réussir l'opération, nous sommes l'un des rares pays au monde qui persiste à croire que le salut, la relance et la dynamisation de l'économie nationale proviendraient du secteur public. On pense qu'on répétant les mêmes expériences, on risque d'obtenir des résultats différents. Dans un mauvais capitalisme, l'économie subit les contre-coûts des actifs toxiques. Dans l'hyper étatisme, les banques subissent les crédits toxiques.
Dans les deux cas, c'est le Trésor, donc l'argent du contribuable qui est utilisé. Avec quand même un avantage pour le «capitalisme toxique», on prête ou on nationalise pour revendre les actions plus tard. On récupère une grande partie des deniers publics, souvent la totalité et parfois même des bénéfices pour le Trésor. En économie super étatisé, on ne récupère rien du tout.


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