Les premiers hadjis qui ont franchi, en ce dimanche 21 novembre, la zone de contrôle de la PAF au niveau de l'aéroport Houari Boumediène d'Alger n'arrivaient pas à cacher leur mécontentement à propos de leur séjour. Colère et déception. Le hadj 2010 est un énorme ratage en matière d'organisation. Cela devient itératif et la situation s'aggrave d'une année à l'autre. Les premiers groupes de pèlerins algériens qui ont regagné le pays ne mâchent pas leurs mots. Ils pointent tous du doigt la mission nationale du hadj et ses membres chargés en principe d'assurer un meilleur séjour aux hadjis algériens en Arabie Saoudite. «On ne les a pas vus en arrivant à La Mecque et nous sommes rentrés sans les rencontrer», déclarent à l'unanimité les premiers hadjis qui ont franchi, en ce dimanche 21 novembre, la zone de contrôle de la PAF au niveau de l'aéroport Houari Boumediène d'Alger. Leurs témoignages sont édifiants. Ils ont vécu l'enfer aux Lieux Saints de l'Islam. Ils racontent… Visiblement fatigués, lasses et même épuisés. Les premiers hadjis rencontrés n'arrivaient pas encore à cacher leur mécontentement. Même la rencontre des leurs, après plusieurs jours d'absence de la maison familiale, n'a pas réussi à leur faire oublier le calvaire vécu à Minan, Arafat et Mouzdalifa (principales étapes du hadj). Dès que nous les avons abordés, ils parlent sans retenue. Ils chargent à la fois les responsables de la mission nationale du hadj et les Saoudiens qui, selon eux, ont profité de la désorganisation pour «molester les Algériens». «L'accueil était lamentable, les conditions d'hébergement était catastrophiques», affirme M. Naghmouche, la cinquantaine, qui est le premier à quitter la zone de contrôle, vers 00h10. Selon lui, les membres de la biaâtha (la mission du hadj) ont été tout simplement «défaillants». «Ils (les représentants de la mission) nous ont abandonnés et ignorés. Ils sont tous partis accomplir les rites du hadj en oubliant les hadjis qu'ils devaient prendre en charge», dénonce-t-il. Des hadjis à la belle étoile à Minan
D'autres pèlerins vont encore plus loin dans la description des conditions de leur séjour. Le point le plus sombre de leur expérience était Minan. «Toutes les délégations ont été très bien prises en charge. Les Tunisiens, les Marocains, les Indonésiens… ont été tous bien encadrés. Leurs officiels portaient tous des drapeaux de leurs pays respectifs pour permettre à leurs hadjis de les reconnaître, sauf les Algériens. Non seulement nous n'étions pas encadrés, mais à la fin de cette étape, toutes les délégations ont pu repartir à l'exception des Algériens. Nous étions obligés de passer la nuits sur place en dormant sur des cartons au milieu des ordures», déplore un autre hadji. D'autres personnes interrogées parlent même d'une très mauvaise expérience. «C'est une honte pour nos autorités. Elles n'ont même pas était capables de nous assurer les moyens de transport. Nous étions obligés de nous déplacer à pied de Arafat à Mouzdalifa (près de 10 km)», tonne un vieux. Avez-vous tenté de joindre les membres de la mission pour demander de l'aide? avons-nous interrogé. Et à notre interlocuteur de répondre avec un sourire: «Makenche li-men tchetki (il n'y a personne auprès de qui tu peux te plaindre). Il n'y avait personne pour nous guider.» Certains hadjis fustigent également les Saoudiens qui, estiment-ils, ont tiré profit du malheur des hadjis algériens. 600 rials pour 6 km «Certains transporteurs saoudiens ont été malhonnêtes. En l'absence de transport pour les Algériens, ils ont proposé leurs services. Mais au prix fort. J'ai été transporté de Mouzdalifa à Minan (6 km) en payant 600 rials saoudiens (près de 60 euros). C'est le voyage le plus cher au monde», fulmine un jeune hadji de 26 ans qui a accompagné sa mère dans ce pèlerinage. Les conditions d'hébergement n'étaient pas également à la hauteur. Que ce soit à La Mecque, à Mouzdalifa ou à Minan, la délégation algérienne était la plus mal logée. Certains pèlerins affirment qu'ils étaient hébergés dans de vrais taudis. «Nous avons dormi dans des hôtels infects où nous avons partagé des chambres avec les rats», dénonce une vieille dame. A Minan, les Algériens, témoignent encore les hadjis, se sont entassés sous des tentes très étriquées. «Nous étions à plus de 500 personnes sous une tente», déclare une jeune femme. Cette dernière précise que ce sont les personnes âgées qui ont le plus souffert de ces conditions. «Ils m'ont vraiment fait de la peine, car les jeunes ont pu résister. J'ai pleuré à plusieurs reprises en voyant des vieillards lutter pour accomplir le rite», conclut-elle. Le tableau dressé n'est pas du tout reluisant. Pour l'humiliation subie, les hadjis exigent des explications et même des excuses officielles. Que dira le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, et le premier responsable de l'Office national du hadj, Cheikh Barbara ?