L'envoyé spécial français, Jean-Pierre Raffarin, est arrivé hier à Alger avec de nombreuses esquisses de partenariat dans sa valise. Parmi les douze gros projets industriels en discussion figure notamment l'implantation d'une usine Renault en Algérie. Les deux responsables chargés du renforcement de la coopération économique entre l'Algérie et la France, Jean-Pierre Raffarin et le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi, ont souligné hier que le dossier Renault «avance bien». Le constructeur automobile «a redimensionné son projet et redéfini un certain nombre de caractéristiques», a expliqué l'ancien Premier ministre français. Les détails de l'investissement ne sont pas encore arrêtés, mais le principe retenu lors des discussions entre les deux parties est d'arriver à produire 75 000 véhicules particuliers par an pour trois ou quatre modèles, a ajouté le ministre algérien de l'Industrie. Les discussions portent sur «la création dans une première étape d'une usine de montage, qui sera suivie dans une seconde étape par la fabrication de véhicules avec un taux d'intégration de l'industrie nationale de 40% étalée sur quatre ans», a révélé M. Benmeradi. «Si les négociations aboutissent, l'usine sera implantée sur les sites de la SNVI», a-t-il ajouté, indiquant que Renault s'est proposé de «livrer ses véhicules au marché algérien d'ici à 2012». L'on se rappelle qu'Alger avait pris ombrage lorsque le constructeur français avait annoncé la mise sur pied d'une usine de montage de voitures à Tanger, au Maroc. Maintenant qu'il est revenu avec de nouvelles propositions – selon les termes de M. Benmeradi – les relations économiques entre les deux rives de la Méditerranée prennent un souffle nouveau. Une douzaine de projets sont ainsi en discussion, dont l'envoyé français préfère préserver la «confidentialité». Les négociations concernent les secteurs des assurances, de la pharmacie, des transports, des mines et de l'énergie. Celles relatives aux projets industriels portent, entre autres, sur la construction et les biens de consommation. «Lors des discussions avec la délégation algérienne, il a semblé plausible que l'aboutissement de la moitié des projets est en bonne voie», a souligné M. Raffarin, précisant que sa mission ne se limite pas à un seul jour, mais que son travail s'étalera sur une période de six mois. «Nous sommes au début d'une démarche de bonne volonté», a-t-il confié aux journalistes. Le sénateur français dit avoir vu en Algérie «une aspiration naturelle d'un peuple souverain vers un développement économique». Pour ôter l'idée répandue selon laquelle les groupes français voient l'Algérie comme un vaste marché pour écouler leur marchandise, M. Raffarin a beaucoup insisté sur la «création d'emplois et de valeur ajoutée». «Il m'est déjà arrivé d'avoir des missions, mais pour la coopération économique avec l'Algérie, beaucoup d'entreprises françaises ont exprimé le souhait d'y participer», a-t-il dit sur le ton de la confidence. A l'issue d'une réunion qui a duré près de deux heures avec le ministre algérien de l'Industrie, Jean-Pierre Raffarin s'est dit satisfait de sa visite à Alger : «Il y a des partenariats forts, mais nous voulons participer plus fort encore par le développement de projets qui peuvent être un espoir pour les jeunes et tous ceux qui veulent participer à l'avenir du pays.» Son homologue algérien, M. Benmeradi, a annoncé d'autres rendez-vous, notamment pour préparer un grand rassemblement des PME-PMI à Alger, dans les six mois. A la question de savoir ce qu'il en est sur le plan politique, les deux parties ont tracé une «feuille de route» pour les prochains mois. M. Benmeradi se dit «privilégié» d'avoir à travailler avec M. Raffarin, qu'il juge «affable» et très «sage». «Nous avons eu à évaluer l'état de la situation économique avec sérénité et sérieux. J'ai bon espoir de voir les dossiers de partenariat aboutir dans les meilleurs délais.» L'orage politique qui brouillait les relations algéro-françaises s'est-il donc dissipé ? Jean-Pierre Raffarin élude la question en rappelant qu'il est en charge de la coopération «économique» qui évolue, d'après lui, «positivement». «Je suis confiant sur ce sujet», dit-il pour toute réponse. Le ministre de l'Industrie souligne, de son côté, que «leur mission est de renforcer les relations économiques», mais que cela participera certainement à faciliter les choses sur le plan politique.