Face à cette crise, bon nombre de familles se sont rabattu sur le lait de vache comme produit de substitution en dépit de son coût élevé. Se procurer un sachet de lait pasteurisé est devenu pour tous les citoyens un véritable parcours du combattant ou une recherche d'un inestimable trésor. Et pour cause, faute de poudre de lait, les laiteries localisées dans la wilaya de Béjaïa ferment les unes après les autres. Sise à Tazmalt, la Laiterie La Vallée était, ce mercredi, lors de notre passage, en train de transformer ses derniers quotas avant la fermeture et la mise en chômage technique de ses employés. Les épiciers qui ont pu se procurer un petit quota à distribuer ont eu toutes les peines du monde à le faire face aux marées humaines qui quémandent un misérable sachet de lait. Il faut quelquefois avoir recours à la force publique pour assurer l'ordre et se prémunir contre les mêlées et les bagarres. Ces dernières semaines, le produit de substitution qu'est le lait UHT, conditionné en Tetra Pack par la société Candia, est lui aussi devenu rare ou quasiment introuvable. Il ne reste d'autre choix aux consommateurs que le lait en poudre ou le lait de vache pour les chanceux qui peuvent s'en procurer. «Nous n'en sommes qu'au début de la crise et la pénurie ne fait que commencer», soutiennent les gérants des laiteries obligés de mettre la clé sous le paillasson. Bien que ce ne soit pas la première fois que de lait pasteurisé disparaissent des étals, la présente crise qui perdure pèse lourdement sur les citoyens, notamment les petites bourses. Elle pénalise énormément les ménages habitués à consommer en grande quantité ce produit de première nécessité qu'est le lait en sachet. Les laitiers ou autres épiciers, qui en sont approvisionnés parcimonieusement, n'ont trouvé d'autres moyens que de rationner sa distribution en se limitant, parfois, à ne vendre qu'un sachet par client afin de permettre à l'ensemble de la clientèle d'en bénéficier. Face à cette crise, bon nombre de familles se sont rabattues sur le lait de vache comme produit de substitution en dépit de son coût élevé. Même si le lait de poudre est disponible sur les étals, son prix reste onéreux par rapport au lait en sachet. Communément appelé Lahda, ce lait en poudre n'attire pas les foules en raison de son prix exorbitant qui varie entre 250 et 350 dinars. «Je préfère acheter le lait de vache, qui est au moins un produit de qualité, plutôt que de me procurer le lait en poudre qui coûte les yeux de la tête», nous explique un père de famille. Le vieux dicton qui dit que «le malheur des uns fait le bonheur des autres» est plus que jamais au menu. Cette situation de crise remplit d'allégresse les éleveurs de la race bovine qui voient leurs chiffres d'affaires doublés, voire triplés, du jour au lendemain. Le litre de lait de vache est cédé entre 30 et 40 dinars. Ce produit de substitution est un moyen efficace pour parer à des crises inattendues du lait en sachet. «Nous ne profitons nullement de la situation de crise pour écouler notre produit. Nous avons des abonnés qui achètent quotidiennement notre lait cru et caillé», nous dit un éleveur de la région. Etant donné que la rareté du lait en sachet perdure, les premières victimes sont les enfants qui rechignent à consommer le lait de vache.