Quatre citoyens de Larbaâ Nath Irathen (27 km à l'est de Tizi Ouzou), de confession chrétienne, comparaîtront aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de la même ville. Les prévenus, originaires du village d'Ath Atteli, sont poursuivis pour «ouverture de lieu de culte sans l'autorisation de la commission nationale des cultes autres que musulman». L'affaire sera examinée aujourd'hui par le tribunal après trois reports. En plus du premier grief retenu à l'encontre des mis en cause, le tribunal se penchera également sur le dossier d'un des prévenus, M. Yahou, poursuivi pour «hébergement illégal d'une personne de nationalité étrangère». L'instruction de ce procès a été ouverte suite à une pétition signée par un groupe de citoyens de la même bourgade. Une démarche sur la base de laquelle le maire de la localité avait notifié un ordre de fermeture du lieu de culte, nous dira M. Yahou. Ce procès n'a pas laissé indifférents les organisations de défense des droits de l'homme et des militants de partis politiques, ainsi que les responsables de l'église protestante d'Algérie (EPA) qui viendront défendre le principe du respect de la liberté de culte et dénoncer le «caractère inquisitoire» de ce énième procès intenté contre des chrétiens. Ces derniers rejettent ces griefs, soutenant que «l'EPA détient un agrément national délivré par l'Etat algérien et qu'il est incompréhensible d'imposer une autorisation aux églises affiliées à l'EPA pour pratiquer le culte». «Le procès s'inscrit dans une logique d'inquisition pour laquelle la justice est instrumentalisée et la Constitution bafouée», pour le RCD. Quant au MDS, il désigne ce procès comme «une approche politique en porte-à-faux avec les droits et les libertés consacrés». Pour sa part, le collectif SOS Libertés, créé par Arezki Aït Larbi, dénonce «un climat d'intolérance qui survient dans un contexte politique où le pouvoir s'apprête à donner de nouveaux gages aux islamistes».