La crise irlandaise risque de s'étendre au Portugal et à l'Espagne. Afin d'endiguer cette crise et éviter la contagion, les Européens exercent des pressions pour une aide au premier au moment où l'annonce du plan de soutien à l'Irlande est imminente. En effet, la Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le Portugal pour qu'il demande une aide de l'Union européenne et du FMI, selon la presse européenne qui ajoute que ces pressions auraient pour arrière-pensée d'éviter à l'Espagne de se retrouver dans une situation difficile. Des informations démenties par les gouvernements portugais et allemand et le président de la Commission européenne qui laisse supposer que la zone euro est en prise par les spéculateurs. La CE a déni vendredi avoir proposé de doubler à 880 milliards d'euros le montant des garanties de prêts du Fonds de secours pour la zone euro. La crise des monnaies européennes n'étant pas terminée, il est donc difficile d'enrayer la contagion, voulue par les spéculateurs, qui s'attaquent maintenant au Portugal et à l'Espagne. Karel Lannoo, directeur du centre de recherche européen CEPS, estime, dans un entretien au journal français Le Figaro, qu'«on aurait pu éviter une telle contagion. Si l'Europe n'avait pas commis de grandes erreurs de communication» en signalant qu'«une bonne dizaine de responsables européens, dont la parole a un poids pour les investisseurs, ont exprimé publiquement leurs divergences. Ce qui a fait bouger les marchés». Pourquoi cette panique européenne ? Parmi les erreurs d'ordre économique commises, selon le directeur du CEPS, le fait de libéraliser les capitaux sans coordonnées les politiques budgétaires, les marchés de l'emploi, les politiques fiscales et autres. E effet depuis des années, les investisseurs se diversifient grâce à la libéralisation des capitaux en Europe. Avant, les banques et les assureurs devaient s'acquitter de pénalités quand elles investissaient hors du marché local national. Aujourd'hui, la zone euro est considérée comme un marché unifié et local. Les investisseurs européens ont donc placé leurs billes dans tous les Etats membres. Les banques espagnoles sont très présentes au Portugal et les banques allemandes sont très exposées en Espagne, du coup la contagion est inévitable. De plus, la décision sur l'aide à l'Irlande consiste aussi à sauver le Royaume-Uni, même si ce dernier n'est pas dans la zone euro. L'Irlande avait commis une erreur stratégique, selon les experts économiques, en annonçant qu'elle garantissait à 100% ses banques, au lendemain de la faillite de la banque Lehmann Brothers. Le Royaume en fait autant. Aujourd'hui, il s'agit de sauver l'Irlande et ses banques de la faillite pour éviter une crise européenne généralisée. La Genèse de la faillite irlandaise Tout a commencé lorsque les Etats confiants finançaient l'avenir en empruntant et comptent sur la croissance économique pour rembourser. Il se trouve que la croissance n'était pas au rendez-vous et donc la confiance s'en va. Pour l'Irlande, la confiance s'est envolée avec la croissance qui était de 5% par an entre 2000 et 2007, puis une récession qui dure depuis trois ans fait craindre le pire. Hier, c'était au tour du Portugal et de l'Espagne, alors que les deux gouvernements assurent qu'il n'y avait pas de souci. Toutefois, une attaque de l'Espagne poserait un problème d'une tout autre ampleur, plus que la Grèce, l'Irlande et le Portugal réunis. Au Portugal, le Parlement vient d'adopter un plan d'austérité pour 2011 dans le but de réduire le déficit du pays alors qu'en Espagne, on écarte l'éventualité d'un plan de sauvetage financier en attendant les détails sur le plan d'aide à l'Irlande, pour un montant d'environ 85milliards d'euros. Le prix à payer Lorsqu'un Etat qui emprunte à dix ans paye un taux d'intérêt qui reflète la confiance que lui accordent les investisseurs. Actuellement, si la Suisse veut emprunter, elle doit accorder un taux d'intérêt de 1,5%. L'Allemagne soumise à un taux de 2,7%, la France de 3,13% et le Royaume-Uni de 3,34%. Mais quand l'Irlande emprunte, elle doit payer 9% et la Grèce 12%. Pour financer ses dépenses, un Etat échange des obligations sur les marchés financiers. C'est ce qu'on appelle des emprunts d'Etat contre des liquidités. Mais en cas de perte de confiance sur la valeur de ces obligations, elles ne sont pas achetées par les investisseurs qui sont les grandes banques qui gèrent l'épargne collectée auprès des entreprises, dont la trésorerie est positive, celle des pays qui engrangent des réserves de devises ou les particuliers. Le premier investisseur est aujourd'hui la Chine, qui dispose de 2000 milliards d'euros pour intervenir où bon lui semble, mais pas à n'importe quel prix. Personne, ni les banques, ni les pays, ni les particuliers, n'ont envie de perdre leur mise. D'où un taux d'intérêt qui augmente quand la confiance dans le pays diminue. Du coup le pays en question fait appelle à l'UE et le FMI. Comment reprendre confiance L'Eurogroupe, réunion des ministres des Finances de la zone euro, devra parler d'une seule voix. Mieux, laisser la Banque centrale européenne (BCE) s'exprimer, car elle est la seule qui comprend les marchés, selon les experts économiques. Et lorsque les marchés seront calmés, les fondamentaux économiques, qui ne sont pas mauvais, reprendront de l'importance. Par ailleurs, le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, affirme que le Fonds européen de stabilité permettra de réagir aux défis lancés à la zone euro.