La zone euro doit se doter d'un mécanisme de crise plus important financièrement et la Banque centrale européenne doit augmenter ses achats d'obligations pour éviter que la crise de la dette souveraine n'entrave la reprise économique mondiale, pense le FMI. Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a présenté hier à l'Eurogroupe ces conclusions qui figurent dans un rapport sur l'économie de la zone euro dont Reuters a pris connaissance."La tempête financière qui affecte la périphérie (de la zone euro) constitue un grave risque à la baisse" pour la croissance économique et pourrait faire capoter la reprise, juge le FMI. Le Fonds compte faire savoir aux ministres des Finances de la zone euro que le programme d'aide à l'Irlande de 85 milliards d'euros agréé dimanche dernier et le projet de pérenniser le mécanisme de gestion des crises sont de bonnes initiatives mais insuffisantes. "Beaucoup de choses plaident pour une augmentation des ressources mises à la disposition de ce mécanisme et pour un emploi plus souple de celles-ci, y compris dans le but de fournir un soutien plus efficace au système bancaire", poursuit le FMI. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est pour l'instant doté de 750 milliards d'euros. Il est destiné à aider financièrement des pays dans la nécessité en échange de réformes et de mesures d'austérité. L'Union européenne a décidé dimanche dernier de pérenniser après 2013 le mécanisme permanent de gestion des crises, qui comportera une participation progressive du secteur privé. Le MES (Mécanisme européen de stabilité) entrera en vigueur en 2013 et se substituera à l'actuel Fonds européen de stabilité financière (FESF). Confrontés à la persistance de la crise financière, les ministres des Finances de la zone euro discutent lundi à Bruxelles d'une augmentation du Fonds de secours pour les pays en difficulté ou de l'idée controversée d'émettre des obligations européennes. Les marchés gardent dans leur ligne de mire les pays les plus fragiles de l'Union monétaire, comme le Portugal, considéré par les économistes comme le prochain candidat à une aide internationale, et l'Espagne, même si Madrid a rejeté lundi l'idée de faire appel à un soutien financier extérieur. Seule la BCE a réussi à obtenir un retour au calme temporaire en accélérant ses rachats de dette portugaise et irlandaise. Face aux craintes de contagion, et alors que l'annonce d'un plan d'aide de 85 milliards d'euros pour l'Irlande n'a pas totalement convaincu, les ministres des Finances envisagent des options plus radicales. Parmi elles, l'idée de créer des "euro-obligations", des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques et éviter que les pays les plus fragiles ne soient attaqués par les spéculateurs, refait surface. L'idée en soi n'est pas nouvelle, elle est également soutenue par le Parlement européen. Mais le chef de file des ministres des Finances Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont relancé l'offensive à l'occasion de la réunion de l'Eurogroupe, qui sera suivie mardi à Bruxelles d'une réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'UE. L'idée d'abonder encore ce mécanisme, à laquelle est favorable par exemple le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, n'est toutefois pas du goût de tout le monde, et en particulier de l'Allemagne, qui avait déjà trouvé à redire à la mise en place du FESF. Pour éviter que le coût d'emprunt de pays tels que le Portugal et l'Espagne ne s'envole, la BCE a acheté de leurs obligations sur le marché, mais dans des montants bien inférieurs à ce qui se pratique aux Etats-Unis. Les mesures exceptionnelles de la BCE, en matière d'allocation de liquidité et d'achats d'obligations, ainsi que les mesures de soutien au secteur bancaire de l'Union européenne, doivent rester en place et même être développées jusqu'à ce que l'incertitude systémique se soit apaisée, après quoi elles pourront être retirées progressivement, recommande le Fonds.