Déjà fortement impopulaire, le gouvernement irlandais dévoile ce mercredi après-midi un plan d'austérité de 15 milliards d'euros sur quatre ans destiné à combler un déficit public record l'ayant contraint à solliciter l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé dans la nuit de mardi à mercredi la note souveraine à long terme de l'Irlande à A contre AA- et sa note à court terme à A-1 contre A-1+. Ces deux notes ont en outre été placées sous surveillance avec implications négatives. Le plan d'austérité irlandais est une première étape avant la présentation le 7 décembre du projet de budget pour 2011, dont l'adoption incertaine est pourtant réclamée par l'UE et le FMI avant le déblocage de leur aide. Le Premier ministre, Brian Cowen, ne devrait pas rester en fonction suffisamment longtemps pour ne serait-ce que commencer la mise en oeuvre des mesures qu'il va présenter mercredi. Son éventuel successeur pourrait toutefois être lié à ce plan tant les marges de manoeuvre de l'Irlande paraissent faibles face aux craintes qu'inspirent aux marchés ses finances publiques. Le Fine Gael, principale formation d'opposition, est jusqu'à présent resté évasif au sujet du budget 2011. La présentation du plan d'austérité devrait le contraindre à sortir du bois et à dire s'il soutiendra ou s'opposera ensuite au projet de budget. S'il le rejette, il pourrait en empêcher l'adoption au vu du désagrégement de la coalition gouvernementale et du faible soutien dont bénéficie le Premier ministre dans ses propres rangs, ce qui retarderait le déblocage de l'aide internationale. Les investisseurs qui ont contraint l'Irlande à réclamer un soutien extérieur vont examiner de près les détails du plan d'austérité. Ils pourraient renchérir un peu plus le coût de la dette irlandaise s'ils jugent que ce plan se fonde sur des hypothèses de croissance irréalistes, a prévenu Alan McQuaid, économiste au sein de la société de courtage Bloxham. "Les marchés pourraient juger certaines prévisions trop optimistes et augmenter les rendements (de la dette) en conséquence", dit-il. La crise irlandaise pèse déjà sur le coût de l'emprunt dans d'autres pays de la zone euro tels que le Portugal et l'Espagne. Les responsables européens se veulent pourtant rassurant. Le vice-chancelier allemand Guido Westerwelle a insisté mercredi sur le caractère unique de la crise irlandaise et écarté tout risque de contagion. "Nous avons désormais un instrument et sommes prêts à réagir", dit-il dans le Rheinische Post. L'Irlande pourrait bien sauver ses banques d'ici la fin de semaine, a rapporté mercredi l'Irish Independent. Dans le cadre du plan de sauvetage de l'UE et du FMI, elle devrait apporter rapidement les fonds supplémentaires et prendre ainsi le contrôle de ces établissements en crise. L'UE et le FMI ont accepté de mettre en œuvre un plan de 85 milliards d'euros pour soutenir l'Irlande, en proie à une crise bancaire et budgétaire. L'Irish Times indique ainsi que les autorités irlandaises pourraient imposer une taxe aux banques dans le cadre de ce plan de sauvetage. Une possibilité qui permettrait au gouvernement de ne pas augmenter sa fiscalité avantageuse sur les entreprises, clé de sa croissance, mais décriée par nombre de ses partenaires européens. Des responsables irlandais affirment avoir l'intention de surcapitaliser les banques pour les rendre plus résistantes que leurs rivales internationales en cas de nouveaux chocs financiers. Les actions des deux plus grandes banques irlandaises ont plongé cette semaine. La recapitalisation nécessaire à leur survie signifie que l'Etat pourrait nationaliser totalement Allied Irish Banks et prendre une part majoritaire dans Bank of Ireland. Une partie du plan de sauvetage de l'UE et du FMI pourrait donc servir à recapitaliser immédiatement les banques. L'essentiel de ces fonds est cependant considéré comme un filet de sécurité pour l'avenir, soulignent des responsables irlandais. AIB pourrait en outre se voir ordonner de relancer la cession de ses activités en Grande-Bretagne, processus interrompu la semaine dernière en l'absence d'acquéreur.