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Quelle perspective pour les organisations professionnelles agricoles ?
Publié dans El Watan le 14 - 11 - 2005

L'Algérie a institué le mouvement associatif et la Chambre d'agriculture à la veille d'une crise multiforme qui a frappé le pays dans sa stabilité sécuritaire, économique, politique et sociale.
Tenant compte de ce contexte et de cette conjoncture, il n'était pas facile d'assurer le développement et le pilotage de cette organisation professionnelle pour aboutir aux résultats souhaités. Cependant, aujourd'hui, il est important de faire le point sur la situation, notamment après le retour de la sécurité et l'amélioration conséquente de la situation économique.
La chambre d'agriculture
La Chambre d'agriculture a un rôle organisationnel du monde agricole. En effet, elle représente un espace d'expression à l'intention des agriculteurs organisés en associations. Cet espace permet à la profession agricole de s'organiser et de défendre les intérêts professionnels des adhérents. Par ailleurs, elle a un rôle de transmission des informations, créant ainsi une relation structurée entre les pouvoirs publics et les agriculteurs. Mais aussi, la chambre a un rôle consultatif qui permet aux pouvoirs publics de rationaliser davantage la conception et la mise en œuvre des politiques agricoles, et aux agriculteurs de participer, à travers sa représentation, à la résolution des différents problèmes qui se posent sur le terrain. Cependant, il a été remarqué que le personnel technique est inadapté au vu des activités engagées et des missions de services publics confiées à la Chambre d'agriculture. Pourtant il est très intéressant de se pencher sur le volet : ressources humaines, surtout en prévision des enjeux économiques qui se présentent à l'agriculture algérienne, les accords signés avec l'UE et la prochaine adhésion à l'OMC. Par ailleurs, les ressources financières sont insuffisantes et ne peuvent permettre de mettre en place un véritable programme à l'appui du développement agricole. Cependant, ces ressources doivent être analysées tenant compte du statut juridique de la chambre et en relation avec le potentiel en personnel technique. En effet, l'analyse des documents comptables fait constater que les produits proviennent principalement des subventions et produits exceptionnels. Nous devons rappeler, néanmoins, que le statut juridique de la chambre (EPIC) assure le salaire du personnel. Nous pouvons déduire que l'Etat ne veut pas alourdir le budget du personnel par le recrutement d'autres techniciens et ingénieurs, mais d'un autre côté, le personnel disponible reste insuffisant pour lancer des programmes d'envergure. La subvention et les produits exceptionnels ont été utilisés pour financer essentiellement les frais du personnel ainsi que les services et les matières et fournitures. Finalement, la Chambre d'agriculture n'a pas un rôle consultatif influent auprès des pouvoirs publics. En effet, pour la mise en œuvre du PNDA, seul le secrétaire général est désigné comme membre consultatif dans le Comité technique de wilaya, au titre de l'étude des dossiers présentés par les agriculteurs pour étude et avis. Mais quels sont le sens et le poids de cette présence qui ne peut émettre qu'un avis technique sur des projets individuels ? Or, la Chambre d'agriculture devrait jouer un rôle stratégique. Autrement dit à l'amont de la décision prise par le Comité technique de wilaya.
Mouvement associatif
On peut se poser la question sur le véritable rôle de la Chambre d'agriculture ? En faite, cette situation dénote l'incapacité de la chambre à jouer pleinement son rôle dans le développement. En effet, celle-ci est plus ou moins marginalisée dans l'application du PNDA. La seule action qui est développée consiste à informer, conseiller les agriculteurs demandeurs de subventions et de crédits, et à délivrer les cartes d'agriculteurs nécessaires à l'octroi des subventions. A propos des associations agricoles, elles ont été créées à l'échelle de wilaya le plus souvent au cours du processus de création des chambres d'agriculture. Il s'agit d'association par filière, dont la représentativité et la dynamique sont très variables, en fonction, notamment, des leaders locaux qui les animent. Elles sont pour la quasi-totalité d'entre elles fédérées au niveau national. Le nombre de ces associations a augmenté entre 1990 et 1991, soit juste après la promulgation de la loi 90-31, qui a incité le développement du mouvement associatif. En effet, les différentes déclarations des responsables de l'époque (1990-1991) encouragent l'orientation dans ce sens : les pouvoirs publics ont insisté sur le renforcement et l'encouragement des associations pour mettre en place un interlocuteur crédible et efficace vis-à-vis des pouvoirs publics et au service du développement. Sur le terrain, il a été remarqué une augmentation de l'effectif des associations entre 1999 et 2000 due certainement au retour à la paix après 10 ans de crise, mais aussi à une prise de conscience des agriculteurs. Cependant, quelques contraintes pèsent encore sur ces associations, les empêchant d'exprimer pleinement leurs atouts. La pression financière, est la plus forte contrainte. Les associations doivent perpétuellement développer des efforts pour éviter la sanction financière qui les ferait disparaître. Par ailleurs, les associations sont soumises à la question de la justification vis-à-vis de l'environnement local : elles doivent souvent gagner la reconnaissance des adhérents ou des pouvoirs publics pour pouvoir poursuivre l'action collective. Enfin, certaines associations reposent sur un leader ou un bureau dynamique. Ce qui peut fragiliser l'organisation sur la durée. Les obstacles les plus fréquemment évoqués sont la question du financement, les rapports à l'administration, le manque de formation et la difficile mobilisation et implication des adhérents apparaissent également comme un frein au bon fonctionnement ou au développement de certaines associations. En effet, il y a lieu de relever que peu d'associations ont développé des capacités d'intervention dans le domaine du soutien aux communautés sur le terrain en termes de planification et d'exécution des projets. Finalement, le faible impact des associations professionnelles agricoles sur l'organisation et le développement agricole explique la difficulté à drainer les agriculteurs qui ne trouvent pas de motivations évidentes pour l'adhésion et n'arrivent pas à comprendre le rôle effectif de la Chambre d'agriculteur, ni celui des associations. En définitive, le mouvement associatif structuré autour des préoccupations liées à l'agriculture apparaît comme embryonnaire. Il cumule, en outre, des handicaps (fragilité des structures, modicité des financements octroyés par l'Etat, faible représentation des localités, insignifiance des taux d'adhésion, carences en matière de management, insuffisance de l'outillage méthodologique) qui le contrarient dans sa volonté de s'ériger en partenaire puissant et crédible vis-à-vis des institutions de l'Etat dans la gestion du développement. Face à cette situation, une question s'impose : quelle perspective pour les organisations professionnelles agricoles ?
Bouchaib Faouzi, Mahamadou Djibo Donguey


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