Italienne de Marseille, Tangora grandit et s'épanouit dans une famille de mélomanes avertis. Avec sa voix généreuse et sa palette de compositions et d'interprétations, elle a su imposer le Métis-jazz sur la scène musicale. Retrouvez-la avec son groupe de musiciens en concert ce lundi 6 décembre au Centre culturel français d'Alger. -Quelle est l'origine de Tangora ? Tangora est mon nom, le nom de mon père d'origine italienne (il est né dans le sud de l'Italie, dans la région des Pouilles). Je suis aussi italienne du côté de ma mère, par mon arrière-grand-père, Piémontais (nord de l'Italie). Moi je suis née dans le sud de la France, près de Marseille, mais réside actuellement en région parisienne. Je viens de découvrir, il y a peu de temps, que Tangora était aussi le nom d'une ville du Burkina Faso ! C'est toujours une joie, un étonnement et un vrai mystère de retrouver des traces de lignées d'ancêtres à travers le monde. De découvrir ce qu'ont semé les hommes, leurs histoires et ce qu'ils bâtissent. Je suis maman d'un jeune métis (son papa est Camerounais, pour la petite histoire). C'est pour moi une fierté et une nécessité de mettre en valeur le métissage, celui des cultures, des idées, des personnes... Mon second époux, Claude Sommier, était un brillant médecin et sublime compositeur martiniquais. -Comment le groupe s'est-il formé ? Tangora s'est constitué à Marseille il y a quelques années. Au départ, je reprenais et réarrangeais des standards de jazz et des classiques afro-brésiliens, puis j'ai commencé à composer relativement vite. J'avais un besoin impérieux d'écrire ma propre musique, ma propre histoire. Depuis quatre ans maintenant, je me produis avec ma formation de choc : Mario Canonge au piano (pour cette tournée algérienne, ce sera Jonathan Jurion qui sera mon pianiste), et puis Eric Vinceno à la basse (superbe musicien et arrangeur) et Gregory Louis à la batterie. -Quelles sont vos influences musicales ? J'ai grandi dans une famille de mélomanes passionnés : une grand-mère et mère amoureuses du bel canto, de la musique classique (Mozart-Albinoni-Dvorak-Purcell-Bach-Vivaldi...), un oncle et un frère férus de jazz (Oscar Peterson, Art Blakey and the Jazz Messenger, Miles Davis, Duke Ellington, Clifford Brown.) et des musiques latino-américaines (les guarachas, mambos, salsas, sambas…) -Le jazz chanté dans la langue de Molière n'est pas fréquent. Est-ce un choix ? Le français est ma langue maternelle, mais je ne chante pas uniquement en français. Je m'exprime en espagnol, en portugais, en anglais. J'essaie de composer avec les sonorités des langues, la couleur, la poésie, les mots, les métaphores, ce sont des chants qui viennent de l'âme, du cœur. J'aime le jeu des sonorités qui sont comme de la musique. -Dans votre dernier album, on sent un travail peaufiné dans les arrangements et dans l'écriture. Quelle est l'histoire de Confluences ? Comme son nom l'indique, Confluences, au pluriel, est la rencontre entre les cultures afro-latines, jazz et caribéennes. Mais c'est aussi la rencontre des langues, des continents, des fleuves, des idées, des courants de pensées, des musiques... -Des projets en cours ? Un prochain album en préparation, et de multiples collaborations avec des compositeurs et chefs d'orchestre du monde du jazz. Je suis en train de créer une comédie musicale. Je suis également chef de chœur à l'école de musique d'Enghien-les-Bains (Val d'Oise, France).