La chanteuse au grand charisme a donné un concert de jazz mémorable devant un public conquis. «Le public algérien? C'est un public exceptionnel comme on n'en voit pas beaucoup dans le monde, j'ai envie de l'emmener avec moi, de le transporter dans mon coeur!!!», nous a livré Tangora avec beaucoup d'émotion, lundi dernier, après un magnifique concert au Centre culturel français d'Alger. Tongora a exalté le public, venu nombreux au CCF afin de la découvrir pour la première fois en Algérie. Les mélomanes, les critiques et les passionnés étaient tous réunis pour goûter à la frénésie des rythmes envoûtants de la diva du latin-Jazz. Italienne de Marseille, Tangora grandit et s'épanouit dans une famille de mélomanes avertis. Elle fait aussitôt de la musique son étendard, son compagnon de vie. Chaleureuse, souriante et radieuse, Annick Tangora nous a transportés en compagnie d'un trio de musiciens ingénieux, Jonathan Jurion au piano, François Laizeau à la batterie et Eric Vinceno à la basse, dans un monde à part, où l'enchantement des sens est au firmament de l'extase. Le pari a tout de suite été réussi pour Annick, quand elle a interprété son premier titre Inolvidable (Inoubliable), une composition cubaine hautement perchée. Aussi, elle a diffusé des ondes de frissons de sa voix cristalline et chaude, envoûtante et suave à la fois en interprétant sa deuxième chanson Lune de miel. Une ode à l'amour dans toute sa magnificence. Suivirent ensuite les plus belles émotions que Tangora a attisées en égrenant à travers des tempos Jazzy, Métis-Jazz, afro-américains et latino une ambiance des plus sensuelles, plutôt Lounge, qui nous berce, puis nous culbute avec la plus grande délicatesse dans un bar cubain des années 30. Crescendo, les esprits contractés se sont dilués dans une eau de jouvence limpide à l'image de la voix saisissante de Tangora, avec les autres titres comme Leo's Valse ou encore Moon's Dance, des compositions du grand auteur et compositeur irlandais, Van Morrisson qui a collaboré à de nombreuses reprises avec Annick Tangora. Les improvisations instrumentales étaient aussi de la partie, avec l'ingénieux doigté du pianiste Jonathan Jurion, ainsi que les riffs imposants du maître de la batterie François Laizeau, le tout parsemé de la douceur du jeu de voix de Tangora qui prenait un plaisir particulier à jongler avec les notes, telle une véritable divinité du Jazz. Le public en était ébahi. Les titres comme Colorada et Señoras del Amazoni issus de son dernier album Confluence sont des hymnes au métissage, un peu plus rythmé, aux tempos jovials et aux couleurs exotiques. Tangora nous a transportés dans une mosaïque de couleurs. Ses chansons dégagent une tendresse insondable pour toutes les cultures insulaires. Ses textes chantés en espagnol, en portugais, en italien, français et en arabe sont d'une profondeur ébouriffante qui apaise les esprits et épure l'air. Imagés et poignants, ils véhiculent l'âme du brassage et l'importance de l'interculturalité dans notre évolution. La danse était aussi partie intégrante du spectacle lorsque Tangora simulait, sur un titre brésilien, les pas d'une chorégraphie tribale, en guise d'immersion dans les tréfonds de l'Amazonie. Enfin, acclamée par le public en totale euphorie, Tangora clôture ce mémorable concert avec une interprétation originale en a capella de Tâala Ya Habibi, un titre phare d'Ismahan El Atrach, suscitant ainsi une admiration de plus en plus grandissante. Après le concert, Tangora nous a raconté qu'elle se prédestinait étant jeune à une carrière de reporter-photographe lorsque sa vocation première la rattrape, et la lance dans sa plus belle aventure: la musique. Elle nous a aussi parlé de sa joie infinie d'être venu chanter en Algérie, pays où elle a été conçue, dit-elle. Elle participera prochainement au Festival international de jazz à l'île de la Réunion avec des musiciens venus du monde entier. En somme, c'est un voyage mélodieux sans frontières qu'elle et son groupe se plaisent à donner aux quatre coins du monde.