Avec la libéralisation du transport en commun pour le privé, il y a une vingtaine d'années, nous avions cru que celui-ci allait combler le vide des dessertes abandonnées par l'Etusa dans le tissu urbain et suburbain. Ainsi, la flotte des véhicules du transport en commun privé était considérée comme un moyen de secours dans une ville comme Alger où, au regard du dense trafic, il n'est pas toujours aisé pour l'usager de rallier une destination. Au fil du temps, nous nous sommes aperçus que le dispositif mis en place pour réglementer le secteur du transport en commun privé révèle une indescriptible pagaille. Rares sont les exploitants de ce moyen de transport qui daignent obéir aux règles énoncées dans le cahier des charges du département concerné. Leur seul souci est de ramasser le pactole en fin de journée. Libre à eux de faire le pitre lors des rotations, de s'arrêter là où bon leur semble, de s'offrir un café en cours de route, invitant les passagers de prendre leur mal en patience, charger et décharger en dehors des haltes facultatives, griller des arrêts, appuyer sur le champignon en jouant au chassé-croisé avec le bus rival dans une descente, bonder un véhicule jusqu'à le transformer en un étouffoir, humilier, voire injurier les usagers qui, parfois sont sommés de descendre là où décident le chauffeur et son binôme. L'anarchie règne, à dire vrai, en maître absolu au sein de cette corporation qui n'en fait qu'à sa tête. Alors que le chauffeur manœuvre son carrosse, les écouteurs de son lecteur MP3 collés aux oreilles, le receveur s'affaire, quant à lui, à vociférer contre les usagers pour «avancer en arrière ou reculer en avant». Toujours en infraction, il ne donne l'alerte à son binôme qu'à l'approche d'un barrage de police devant lequel il se fait tout petit. Plus, il ne manque pas de dire à son «client», debout aux premières loges, de ne pas montrer sa tronche au risque de se voir verbaliser par l'agent. Quant à l'horaire fixant la fin de service, c'est selon l'humeur du jour, car au-delà de 18h, l'usager a très peu de chance de dénicher un bus. En l'absence de tout contrôle, ce chapitre semble, à bien des égards, échapper à la direction du transport qui peine à le maîtriser. Bien que l'Etusa tente de se donner les moyens pour se redéployer, sa stratégie se montre chiche et s'emmêle les pinceaux avec le nouveau ticket composté qui provoque des embouteillages… dans le bus. Tout compte fait, la «faoudha» n'a que trop duré dans un secteur qui a besoin, plus que jamais, d'être rappelé à l'ordre par l'administration.