Le tribunal criminel près la cour d'Alger a renvoyé, pour la troisième fois, le procès des auteurs présumés du double attentat kamikaze du 11 décembre 2007 à Alger, devant les bâtiments du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun et des Nations unies à Hydra. La décision tient du fait du pourvoi en cassation, introduit par Me Sidhoum, avocat de l'un des six accusés au box, auprès de la Cour suprême. Dès l'ouverture de l'audience, le président, Omar Benkharchi, se montre décidé à examiner l'affaire, mais Me Sellini intervient pour lui faire remarquer l'absence de nombreux avocats dans la salle. Le président lève la séance pour quelques dizaines de minutes, en attendant que le collectif de la défense soit au complet. A la reprise de l'audience, Me Sidhoum présente le pourvoi en cassation introduit dimanche dernier auprès de la Cour suprême au nom de son mandant, Tahar Fettouche, auquel l'arrêt de la chambre d'accusation n'a pas été notifié. Il n'est pas évident que la Cour suprême puisse accepter ce pourvoi du fait que le délai a été largement dépassé. En attendant, le tribunal est dans l'obligation d'attendre la décision de la Cour suprême, ce qui explique le renvoi de l'affaire. Celle-ci concerne treize accusés, dont sept en fuite parmi lesquels le chef de l'organisation terroriste du GSPC, Abdelmalek Droukdel, poursuivis pour, entre autres, attentat à l'explosif, constitution d'une organisation terroriste dans le but de semer la terreur, adhésion à un groupe terroriste activant à l'intérieur et à l'extérieur du pays, homicide volontaire avec utilisation d'explosifs et atteinte à la sûreté de l'Etat. Que ce soit au niveau des services de police ou devant le juge d'instruction du pôle judiciaire spécialisé d'Alger, les six accusés présents, notamment Bakour Fouad et Fettouche Tahar Yacine, auraient reconnu avoir acheté au marché de Tidjelabine deux camions-citernes qu'ils avaient chargés de 1600 kg d'explosifs (800 kg chacun) pour les remettre ensuite aux kamikazes qui se sont fait exploser, l'un devant le Conseil constitutionnel et l'autre devant les bureaux de l'ONU, à Hydra, faisant une trentaine de morts et près de 200 blessés. Ils auraient également révélé leur implication dans les attentats contre un bus transportant le personnel de l'entreprise américaine BRC, à proximité de Bouchaoui, le 6 décembre 2006, mais également contre un autre véhicule de transport des travailleurs de la société française Razel. Le procès, qui s'annonce très riche en révélations, risque d'attendre encore longtemps vu les délais assez longs des décisions de la Cour suprême.