L'Algérie et l'Allemagne ont décidé la mise en place d'une commission économique mixte, pour développer notamment le projet des installations éoliennes et solaires Desertec. L'information donnée hier par le président Bouteflika, à partir de Berlin, où il se trouve en visite officielle, ne laisse planer aucun doute sur l'acceptation par l'Algérie de ce projet d'envergure qui vise à créer d'ici 40 ans un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en vue de couvrir en 2050 jusqu'à 15% de la consommation d'électricité de l'Europe. Concernant la coopération avec l'Allemagne, le président algérien a insisté sur l'importance du projet Desertec, piloté par des entreprises allemandes : «Nous travaillerons dans les énergies nouvelles à travers un projet colossal que nous allons approfondir d'un commun accord», a déclaré M. Bouteflika, qui devait évoquer hier avec Mme Merkel, plus en détail, ce dossier lors d'un déjeuner de travail à la chancellerie avec les représentants des compagnies participant au projet. La déclaration de Bouteflika met donc fin au suspense sur l'adhésion algérienne à ce gigantesque projet de production d'énergies nouvelles, en attendant de savoir quelles seront les exigences algériennes. Toutes les déclarations officielles faites sur ce sujet par le passé montraient, en effet, de réelles réticences vis-à-vis d'un projet qui ne donnerait à l'Algérie qu'un rôle secondaire alors que son ambition est celle de devenir un véritable acteur ayant un programme ambitieux de développement d'énergies renouvelables et voulant garder la souveraineté sur des installations implantées sur son territoire. Quelques jours avant la visite officielle de M. Bouteflika en Allemagne, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, avait annoncé le lancement d'un programme de développement des énergies renouvelables sur 20 ans visant à augmenter la production d'électricité à partir de sources alternatives, comme le soleil ou le vent. Une annonce qui sonne comme un prélude à des «négociations» autour de Desertec qui devra certainement prendre en compte ce programme annoncé ainsi que les ambitions de l'Algérie d'exporter de l'électricité solaire vers les pays voisins et l'Europe. Le PDG de Sonelgaz avait qualifié, il y a quelques semaines, Desertec d'initiative louable mais avait émis quelques réserves. «Nous voulons être acteur dans ce projet Desertec. Nous sommes favorables à la création d'un marché du renouvelable en Afrique du Nord mais avec un développement technologique et industriel en Afrique du Nord», a-t-il souligné en annonçant notamment la mise en place de centrales électriques centralisées dans le Sud, dans les régions de Tamanrasset, Adrar et Timimoun, mais aussi des centrales décentralisées dans les Haut-Plateaux. Le projet éco-énergétique Desertec, d'un coût avoisinant les 400 milliards d'euros, a été imaginé par la Coopération trans-méditerranéenne pour les énergies renouvelables (TREC), fondée en 2003 par le Club de Rome. Le protocole d'accord du projet Desertec a été signé le 13 juillet 2009 à Munich par douze sociétés basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, avec la participation de Cevital pour l'Algérie. .