De proche en proche, le projet Desertec a réussi à susciter l'intérêt de nombre de pays dont l'Allemagne, l'Algérie et l'Espagne, même si ce dernier pays en parle peu. Les trois pays l'ont préféré à Transgreen, soutenu, lui, par les Français. L'Allemagne, pays réputé dans le domaine du renouvelable, y était, en fait, favorables dès le début, les entreprises outre-Rhin interéssées ce projet. Les Allemands incitaient même leurs pairs de Bruxelles à faire avancer ce projet, car il est dans l'intérêt de l'Europe et ils sont parvenus à en convaincre la Commission européenne. Celle-ci soutient le projet en question, estimait, il y a quelques mois, l'Allemand Gunther Oettinger, commissaire européen chargé de l'énergie, en visite à Alger, à la faveur de la première réunion du Conseil des ministres Maghreb-Europe. Gunther Oettinger a ajouté que ce projet doit avoir «l'appui des pouvoirs publics, que Desertec est un projet d'intérêt public, qu'il doit être financé par des privés et que nous soutenons».Desertec sera un ensemble de centrales solaires et éoliennes à implanter en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour produire de l'électricité à grande échelle, sur une cinquantaine d'années. Il est censé alimenter, à terme, l'Europe en électricité, à hauteur de 15%. Desertec, lancé en 2009, faisait débat au départ, notamment en Algérie ; des entreprises nationales, à l'exemple de Cevital, s'y intéressaient, avant de se raviser parce qu'elles n'y voyaient pas clair, et les pouvoirs publics, eux-mêmes, semblaient hésitants. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui faisait partie de la délégation présidentielle à Berlin, la semaine dernière, faisait allusion, il y a quelques mois, à un projet «plus important que Desertec», sans en donner les détails. Tout indiquait ainsi que l'Algérie se désintéressait de Desertec. Une incertitude momentanée ? La visite du chef de l'Etat à Berlin, les 7 et 8 décembre derniers, a dissipé les doutes. Et les parties algérienne et allemande en sont contentes. La chancelière allemande, Angela Merkel, a affirmé, lors d'un point de presse conjoint qu'elle a animé avec Abdelaziz Bouteflika, à Berlin, qu'elle a «rassuré» le président de la République, que «Desertec devient une réalité». Indépendamment de Desertec, l'Algérie entend s'inscrire dans une démarche globale pour développer les énergies propres. Lundi dernier, M. Yousfi a annoncé le lancement d'un programme de développement des énergies renouvelables étalé sur vingt ans et qui a pour objectif d'augmenter la production d'électricité à partir de sources alternatives comme le soleil ou le vent. Peu prolixe, le ministre n'en a pas dit davantage. Coté entreprise, Sonelgaz a mis en avant des plans de développement des énergies renouvelables, en association avec des partenaires étrangers. Le groupe Sonelgaz, une entité d'Etat, à qui il est difficile de financer en effort propre pareil projet, souhaite être associé à Desertec. «Nous divergeons sur les formes. Nous voulons être acteur dans ce projet Desertec. Il y a une différence d'appréciation. Nous sommes favorables à la création d'un marché du renouvelable en Afrique du Nord, mais avec un développement technologique et industriel en Afrique du Nord», a déclaré récemment son P-DG, Nourredine Bouterfa. Mais en attendant qu'un tel projet se traduise dans les faits, Sonelgaz peaufine ses projets dans le secteur des énergies renouvelables. Selon un document établi par Sonelgaz, la Compagnie de l'engineering de l'électricité et du gaz (CEEG) procédera, aujourd'hui, pour le compte de la société algérienne de production d'électricité (SPE) - les deux entreprises sont des filiales du groupe Sonelgaz- à l'ouverture des plis des offres commerciales du projet de réalisation d'une ferme éolienne d'une puissance totale de 10 MW dans la région d'Adrar. La séance d'ouverture des plis aura lieu à l'institut de formation de l'électricité et du gaz de Ben Aknoun. D'une superficie de 30 hectares, le site d'implantation de la ferme éolienne est situé précisément à Kabertene, à 73 km au nord de la ville d'Adrar. A travers le projet de réalisation de la première ferme éolienne en Algérie, le groupe Sonelgaz vise, est-il écrit dans ce document, à développer une technologie éolienne et à tester le comportement de ce type d'équipement en milieu saharien caractérisé par de fortes variations de températures et par des vents de sable pouvant influer sur leur fonctionnement. Il s'agit du 3ème appel d'offres pour la réalisation de ce projet lancé par CEEG le 16 mars 2010. L'ouverture des plis des offres techniques a eu lieu le 09 juin 2010 à l'issue de laquelle neuf offres ont été déclarées recevables. Après examen et évaluation des offres techniques, quatre soumissionnaires ont été retenus pour la phase commerciale. Il s'agit de COMSA EMTE (Espagne), de consortium CECIC/CGC (Chine), de Vergnet (France), de consortium Cegelec SAS (France), Cegelec SPA (Algérie). Le constructeur retenu, au final, assurera les prestations d'études, de fabrication des équipements, les essais et mises en service. Le cahier des charges impose néanmoins aux constructeurs de confier en exclusivité la réalisation du génie civil, les travaux de montage et le transport aux entreprises algériennes. La Société algérienne de production d'électricité, SPE (filiale du Groupe Sonelgaz) a été chargée de réaliser un projet pilote visant le développement d'une technologie éolienne en Algérie. Mandatée par SPE, CEEG a lancé un premier appel d'offres en novembre 2007. Un seul soumissionnaire a déposé une offre lors de la séance d'ouverture publique des plis des offres techniques tenue en juin 2008. Ce premier appel d'offres a été déclaré infructueux. CEEG a relancé le projet en septembre 2008 en publiant un 2ème appel d'offres suite auquel quatre offres ont été déclarées recevables lors de la tenue de la séance d'ouverture des plis des offres techniques en octobre 2008. L'ouverture des plis des offres commerciales s'est déroulée en janvier 2010. La commission d'ouverture des plis et d'attribution des marchés (Copam) a confié provisoirement le marché au soumissionnaire Vergnet S.A qui a offert le prix du kW/h le moins cher. Après vérification et examen de l'offre, la Copam a décidé l'annulation de l'appel d'offres considérant comme excessif le prix offert. Un nouvel appel d'offres a été relancé une 3ème fois en mars 2010. Y. S.