Organisée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), une conférence nationale consacrée à la non-discrimination dans les chartes internationales et la législation nationale a eu lieu jeudi à Djenane El Mithaq (Alger). L'ONU a choisi pour l'année 2010 le slogan «Stop à la discrimination». Pour Me Farouk Ksentini, président de la Commission, «lutter contre la discrimination et œuvrer à la bannir sans relâche de notre quotidien, c'est redonner raison aux enseignements de l'histoire qui a vu disparaître ces systèmes politiques d'apartheid, et d'exclusion et ces nations érigées sur des bases ségrégationnistes». C'est le message qu'a lancé l'avocat en précisant que «tôt ou tard, grâce au courage des femmes et des hommes de bonne volonté, militants au service de l'infiniment humain, la discrimination sous toutes ses formes sera à jamais bannie». Mamadou Mbaye, représentant du PNUD à Alger, tout en dédiant la journée aux militants des droits de l'homme, insiste sur la nécessité de mettre en place des lois et des mécanismes pour protéger ces derniers à travers les principes des droits de l'homme. Selon lui, il incombe à tous les Etats de garantir et de préserver la liberté d'expression et de réunion. «A chaque fois qu'un militant risque sa vie, nous devons nous sentir tous en danger. Soyons tous des militants des droits de l'homme et faisons en sorte que la justice et la liberté d'expression ne soient plus bâillonnées», a conclu le diplomate onusien. Dans son exposé, Mme Nouara Djaâfar, ministre délégué, chargée de la famille et de la condition féminine, affirme : «Nous ne pouvons construire un pays sans le respect des droits de l'homme dans son sens le plus large.» Elle rappelle le lancement de la décennie de la femme africaine, il y a trois jours à Oran, durant laquelle la stratégie africaine de lutte contre les discriminations à l'égard des femmes a été mise en marche. Sur la situation en Algérie, elle relève que 65% des étudiants universitaires sont des femmes, alors que dans les lycées, elles représentent un taux de 56%, regrettant au passage le taux très bas de cette représentation au sein des assemblées élues, où le nombre de femmes ne dépasse pas 7,75% à l'APN, 13% dans les APW et 0,74% dans les APC. «Il est important de lever les contraintes pour que les femmes puissent accéder aux postes décisionnels au niveau des partis politiques», plaide-t-elle. Abondant dans le même sens, Mme Meriem Belmihoub Zerdani, avocate et experte au sein du comité onusien de l'élimination des discriminations à l'égard des femmes, lance à «ceux qui disent qu'ils ne trouvent pas de femmes capables d'avoir des postes de responsabilité, que celles-ci constituent 65% des universitaires algériennes». Elle déplore que sur les 35 portefeuilles ministériels, il n'y a qu'une seule femme ministre, et dans les 48 wilayas, qu'une seule femme wali. Elle fait remarquer qu'au sein de l'APN, seul le Parti des travailleurs, dirigé par Louisa Hanoune, est représenté par un nombre important de femmes. De son côté, Mme Maya Sahli, experte onusienne, a déclaré que le projet de loi organique portant définition et modalités d'application de l'article 31 bis de la Constitution, qui prévoit un quota de 30% de femmes dans les Assemblées élues, est fin prêt depuis juillet 2010. Composée de juristes, parmi lesquels Mme Sahli, la commission chargée de son élaboration en mars 2009 a finalisé la loi spécifique qui détermine l'entrée des femmes au sein des Assemblées élues. Le texte en question fait obligation aux partis politiques de prévoir un quota de 30% de femmes sur les listes électorales locales et nationales, pas comme des faire-valoir, mais en tant que candidates de premier rang. Le non-respect de cette nouvelle disposition entraîne des sanctions (prévues par cette loi) qui consistent, entre autres, en l'annulation des subventions de l'Etat par exemple. Mme Flici, présidente de l'Organisation des familles des victimes du terrorisme, profite pour interpeller Farouk Ksentini sur la situation des familles des victimes et la marginalisation qu'elles subissent de la part de l'administration. Cette conférence s'est tenue devant un parterre d'une centaine de participants parmi lesquels Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, Mme Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs (PT), ainsi que des représentants des agences de l'ONU accréditées à Alger, du mouvement associatif et des parlementaires, diplomates et officiers de la police judicaire de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale.