Un collectif des auteurs compositeurs et interprètes de la wilaya de Béjaïa dénoncent, dans une pétition adressée à la ministre de la Culture, la «gestion opaque du secteur de la culture» à Béjaïa. Kaci Boussaâd, Boudjemâa Agraw, Boualem Berr, Louiza, Rabah Tamiti, Abdellah Oumkhlouf, Hacen Adnani ... la pétition compte 25 signataires dont des vieux routiers de la chanson kabyle. Pour étayer leurs propos, ils prennent pour exemple le festival de la chanson kabyle qui vient de clôturer sa troisième édition sous le parrainage du département de Mme Khalida Toumi. «C'est un festival à huis clos et un non- événement puisqu'on a fait l'impasse sur des artistes de renom, comme Aït Menguellet, Idir, Djamel Allam, Amour Abdenour, Kaci Boussaâd, et bien d'autres», a dénoncé, hier, lors d'une conférence de presse, Boudjemâa Agraw, de son vrai nom Oudane Boudjemâa, qui estime que le programme officiel de ce festival n'est que de «la poudre aux yeux». «Au ministère, on croit qu'il y a des soirées dans toute la wilaya, alors que c'est faux», dénonce, sans ambages, l'orateur. Le contenu est aussi pointé du doigt. «Les conférences se sont focalisées sur le thème des harraga alors que pour un festival de la chanson kabyle nous aurions pu parler, par exemple, de Iguerbouchene, Slimane Azem ou Matoub», ajoute-t-il. «Le peu d'artistes invités ont été humiliés par des cachets largement en dessous de leurs valeur artistique, sans compter que la plupart des spectacles programmés n'ont pas eu lieu pour manque d'informations flagrant», est-il écrit dans la pétition. Le groupe d'artistes dénonce le fait que les «sommes colossales» allouées par les pouvoirs publics pour ce festival ne soient pas utilisées pour la promotion et l'épanouissement de la culture. «Ces budgets, écrit-il, font plus le bonheur des hôteliers, restaurants, imprimeurs, transporteurs ( ... ) et moins de 20% reviennent à la culture et aux artistes». Selon certaines estimations, ce festival, qui a été institutionnalisé, aurait consommé quelque 1 0 millions de dinars. Pétitionnaire, Alitouche Boualem, connu sous le non d'artiste Boualem Berr dira : «Les artistes locaux sont marginalisés. Quand ils sont invités, ils ne sont pas payés. «Les cachets sont humiliants. C'est la moitié de ce l'on me donne à BBA», renchérit Boudjemaâ Agraw. Le collectif demande tout simplement le départ du directeur de la Maison de la culture, commissaire de ce festival, l'institution d'une commission pour enquêter sur la gestion du secteur de la culture dans la wilaya et la baptisation officielle de la Maison de la culture du nom de Taos Amrouche.