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«Les enjeux du blé sont colossaux, à nous de nous organiser !» Mohamed Laïd Benamor. PDG du groupe Benamor
Publié dans El Watan le 13 - 12 - 2010


L'Algérie est le premier importateur de blé dur dans le monde. Tout peut changer depuis que les producteurs locaux sont soutenus à 600 dollars la tonne pour produire plus de blé dur algérien. A condition que la filière s'organise. Parmi d'autres transformateurs, Laïd Benamor, PDG du groupe Benamor, y travaille. Il explique les enjeux de cette démarche. A deux jours d'un grand rendez- vous des professionnels de la filière cette semaine à Annaba. - Le groupe que vous dirigez organise cette semaine à Annaba avec les autres professionnels de la filière des journées techniques sur le blé dur des hautes plaines de l'Est. Qu'attendez-vous de cette initiative ? Nous voulons mettre en place une approche participative, impliqués les industriels dans leur amont, ne pas rester en retrait, ou en position de contestataires. L'Etat a déjà beaucoup fait en assistance technique et en soutien au prix. La tonne de blé dur est subventionnée à hauteur de 45 000 dinars. C'est à notre tour, professionnels, de nous organiser pour hisser les performances de la filière. Il faut bien regarder les enjeux, ils sont colossaux. L'Algérie est le premier importateur mondial de blé dur, avec en moyenne 1,5 million de tonnes. Chaque année le marché, devenu très tendu, attend les commandes de l'OAIC pour ajuster ses cours. Pendant ce temps, nos rendements à l'hectare, malgré quelques progrès ces dernières années, demeurent loin de la moyenne régionale. Notre carence c'est la parcelle. Nous, les transformateurs, sommes au milieu de la chaîne entre les consommateurs et les producteurs. Nous sommes sur une activité qui représente environ 150 milliards de dinars de chiffres d'affaires annuel. Nous sommes interpellés pour pousser à l'organisation de la filière. Les pouvoirs publics en sont conscients et nous aident. Les journées techniques de Annaba sont une occasion pour mettre en commun les meilleures pratiques dans la céréaliculture. - Vous avez soutenu en 2007 le recours à une subvention étatique forte en faveur des producteurs de blé algériens lorsque les cours étaient de presque 800 dollars la tonne à l'importation. Estimez-vous que cette subvention de 45 000 DA la tonne a eu une incidence sur la production céréalière ? Certainement. Si on analyse ces deux dernières campagnes céréalières, on constate que les niveaux de production sont exceptionnels. Cela résulte bien sûr des conditions climatiques favorables, mais pas seulement. L'encadrement technique de la filière s'est amélioré, et les incitations à produire du blé dur à jouer. Des productions et des rendements records sont là : 61,2 millions de quintaux en 2009 et 45,6 millions de quintaux en 2010. Maintenant, nous devons aller au-delà. Ce niveau de subvention ne va pas demeurer éternellement. Regardez la PAC (politique agricole commune de l'Europe), elle a été mise en place pour garantir collectivement une autonomie alimentaire des pays membres, mais une fois dégagés des excédents importants dans les années 1990, puis avec l'extension de l'Europe vers l'Est avec de nouveaux pays entrants qui ont doublé la surface agricole utile, les subventions ont chuté. Il faut nous préparer dans notre filière blé dur tout de suite à cela. Il faut utiliser ce soutien de l'Etat pour faire progresser la parcelle céréalière. Au Maroc, par exemple, des transformateurs comme nous, se sont rapprochés de leurs producteurs. Ils leur garantissent l'achat de leur récolte à la hauteur de leur rendement habituel à l'hectare. En contrepartie de quoi, ils proposent un encadrement cultural, ils achètent les semences, apportent le soutien technique. Ils remboursent seulement sur les quantités produites au-dessus du rendement habituel convenu. C'est dire s'il existe des possibilités de créer de la valeur ajoutée sur les parcelles avec notre niveau de subvention en Algérie. - Les transformateurs, dont vous en êtes un, semblent jouer le rôle d'initiateur dans cette tentative de mieux intégrer la filière céréalière. Qu'est-ce qui vous laisse penser que les producteurs vont vous suivre et jouer le jeu de la coordination ? Après tout, ils sont toujours certains de vendre leur production auprès de l'organe régulateur… A vrai dire, nous nous étions jamais intéressé à eux jusque-là. On ne peut pas donc dire que les producteurs se détournaient d'une concertation professionnelle amont-aval. Aujourd'hui, le contexte est favorable pour cela avec une volonté politique affichée de l'Etat d'aller dans le sens de l'organisation des filières professionnelles comme cela s'est fait dans le lait, la tomate ou la pomme de terre. Nous allons mettre en place des conventions, apporter de la transparence dans le fonctionnement de la filière. L'interprofessionnel des céréales se construit. L'avantage avec les producteurs c'est qu'ils sont déjà fédérés dans les chambres d'agriculture. Tout peut aller très vite dans le bon sens. Il y a six ou sept ans nous étions seuls, le groupe Benamor, à tenter d'organiser la filière de la tomate autour des bons itinéraires techniques. Nous avons réussi, mais en prenant du temps. Cette fois, tout le monde agit dans le même sens, producteurs, transformateurs, pouvoirs publics. Cela ira plus vite. - Vous avez réussi à faire passer le rendement moyen dans la tomate industrielle de 15 tonnes à l'hectare à 60 tonnes dans l'important réseau de parcelles qui travaillent avec vous. Avez-vous des objectifs similaires en croissance des rendements pour le blé dur ? Il existe des céréaliers qui obtiennent déjà 50 quintaux de blé à l'hectare. Si nous arrivons ensemble à hisser la moyenne nationale à 40 quintaux l'hectare dans les 6 ou 7 prochaines années, nous aurons bien travaillé. Il nous faudra déjà trois années d'essai, d'observation pour savoir ce qu'il faut faire en fonction des régions, des sols et des habitudes alimentaires locales. Mais au-delà de cet enjeu du rendement qui est essentiel, il nous faudra adapter les productions au besoin de la consommation. En Algérie, les transformateurs triturent du blé tout venant. Les différences de qualité sont sanctionnées par un barème de prix totalement dépassé. Il est de 25 DA sur une transaction de 45 000 DA. L'interprofessionnel va, je crois, s'atteler à le mettre à jour. - Les consommateurs ne savent pas toujours qu'il existe des standards de qualité qui déterminent l'activité transformation des graines en semoule puis en pâtes alimentaires. Comment les blés durs qui ne sont pas de bonne qualité peuvent-ils impacter votre activité de transformation ? Au Maroc, les transformateurs ne veulent même pas savoir comment. Sur le 1,5 million de tonnes de blé dur produit en moyenne chaque année, pas une graine ne va aux moulins industriels. Les industriels ont peur de détériorer leur matériel. Le blé dur local va dans les moulins traditionnels. Les transformateurs se chargent du blé importé. En Algérie, nous transformons des quantités de blé local appelées à grandir. Il faut savoir que sur 100 kg de blé trituré, 25 kg donnent du son de blé, de l'aliment à bétail, sur les 75 kg restants la proportion de semoule supérieure peut passer du simple au double, selon la qualité du blé utilisé, son indice de jaune, sa vitrosité, l'absence d'impureté, sa bonne teneur en protéines. La semoule supérieure se vend à 3500 DA le quintal contre 3250 DA pour la semoule ordinaire. La qualité du blé utilisé détermine la profitabilité de l'activité transformation. Maintenant, il y a en plus une exigence de marché qui nous pousse à aller vers les meilleurs standards avec le blé dur algérien : les consommateurs algériens sont, notamment avec le blé canadien, habitués à la bonne qualité. - Vous voulez vous appuyer sur votre succès dans la diffusion de bons itinéraires techniques dans la production de la tomate industrielle qui ont hissé toute la filière vers le haut en améliorant rendement et qualité. Mais l'expérience est-elle vraiment reproductible dans les céréales ? Pour son volet organisation, c'est pareil, elle est reproductible. Pour les avancées techniques et culturales, il est vrai que les blés sont plus complexes. Nous sommes sur un produit stratégique, subventionné. Ce qui nous intéresse, c'est de mettre en place un référentiel qui intègre le choix variétal adapté à chaque région, et aux besoins de transformation en fonction des habitudes alimentaires. L'enjeu est en définitive de maintenir et de développer le blé dur algérien dans une répartition mondiale ou le blé dur tend à reculer au profit du blé tendre dans le modèle alimentaire. C'est en tout état de cause un travail de longue haleine. - Le morcellement des parcelles est jugé par de nombreux agronomes comme un frein à la croissance des rendements agricoles en Algérie. Est-ce votre avis en tant que client des producteurs ? Est-ce que vous n'avez pas à terme intérêt en tant qu'industriels de l'aval de rentrer dans la propriété agricole pour en agrandir les superficies et en améliorer les rendements ? Je pense que l'organisation de la filière, l'application des bons itinéraires techniques, les bonnes combinaisons semences, qualité des sols, utilisation de fertilisants, technique d'irrigation sont plus importantes dans le résultat que la taille de la parcelle. Voyez la Tunisie et le Maroc, la taille moyenne de la parcelle de tomate y est de 3 à 4 hectares, comme en Algérie. Cela n'empêche pas le rendement moyen de la tomate de s'y situer presque au double de celui en Algérie. Devenir co-propriétaires de parcelles n'est pas, en tout cas pour moi, la bonne réponse. J'ai des capacités de transformation de blé de 250 000 tonnes. Au rendement moyen actuel de 15 quintaux à l'hectare cela nécessiterait d'acquérir 166 000 hectares. Si les rendements montaient à seulement 40 quintaux à l'hectare, nous aurons besoin de seulement 40 000 hectares d'emprise au sol pour traiter nos 250 000 tonnes de blé. En ce qui concerne notre amont, la bonne implication c'est l'assistance, la création de réseaux, de clubs ou tout se mutualise entre producteurs et transformateurs.

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