L'Algérie importe en moyenne 1,5 million de tonnes de blé dur par an. Annaba De notre envoyé spécial Réunis pendant deux jours lors d'un séminaire à Annaba à l'initiative du groupe Benamor, des experts et des producteurs de céréales plaident pour la mise à jour du barème de soutien du gouvernement à la céréaliculture. «Aujourd'hui, le soutien pour le blé dur est de 4500 DA le quintal, on considère que 25 DA de bonification ne représente rien du tout», a souligné dans une déclaration à la presse, jeudi dernier, Mohamed Laïd Benamor, manager général du groupe agroalimentaire du même nom, implanté à Guelma. Des experts ont mis l'accent durant leur intervention sur la nécessité de revoir le barème des prix, actuellement rigide, en consacrant une prime incitative à la qualité du blé dur collecté. Les producteurs nationaux bénéficient d'une subvention de 4500 DA par quintal pour le blé dur, de 3500 DA/quintal pour le blé tendre et de 2500 DA/quintal pour l'orge. A ce titre, le producteur d'un blé dur de qualité reçoit le même soutien que celui qui fournit une production de piètre qualité. Une incohérence relevée par les participants au séminaire. C'est dans ce sens, d'ailleurs, que des producteurs de céréales comptent soumettre une proposition à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). «On va proposer à l'OAIC de mettre à jour le barème de bonification ! C'est une loi qui a été promulgué en 1990. C'est un peu dépassé. C'est pour encourager les gens qui produisent la qualité», a confié Laïd Benamor. Pour la première fois, les céréaliers entendent aussi suggérer au ministère de l'Agriculture la possibilité de recourir à l'utilisation de protéines de manière à améliorer le rendement par hectare. «On va faire une proposition adéquate pour pouvoir utiliser des protéines qui agissent sur les rendements et ce paramètre n'existait pas auparavant», a fait savoir le patron du groupe Benamor. En outre, ce barème des prix incite nombre d'agriculteurs à semer le blé dur car plus subventionné que l'orge ou le blé tendre. Un cas de figure auquel des experts ont voulu attirer l'attention des pouvoirs publics pour y remédier. Ceci dit, grâce à ce soutien, le rendement à l'hectare en blé dur a légèrement progressé depuis 2008 en passant de 11 à 13 quintaux l'hectare environ. En revanche, la qualité du blé dur local, indispensable pour la transformation en semoule, couscous et pâtes alimentaires, n'est pas toujours au rendez-vous. «Parfois, il y a des impuretés dans le blé collecté qui peuvent nuire aux installations de transformation», estime l'orateur. La tentation d'utiliser le blé dur importé, de bien meilleure qualité, est d'ailleurs plus forte chez les transformateurs algériens. L'Algérie importe en moyenne 1,5 million de tonnes de blé dur par an. M. Benamor a indiqué que le cap de la qualité commence par la semence et le respect de l'itinéraire technique. Par ailleurs, les travaux du séminaire pour la promotion du blé dur algérien ont pris fin jeudi dernier avec l'adoption du programme du réseau initié par le groupe Benamor et l'élaboration d'une série de recommandations. Il s'agit entre autres, de sensibiliser les producteurs sur la nécessité de promouvoir la qualité de la production et de séparer le bon grain de l'ivraie lors des opérations de stockage des quantités de blé. L'initiative, la première du genre en Algérie pour le blé dur, va réunir un réseau réunissant les transformateurs de blé et les producteurs de céréales de 6 wilayas de l'Est. Etalé sur trois ans, le programme en question, qui a eu le soutien du ministère de l'Agriculture, prévoit entre autres l'intensification des systèmes de culture pour l'amélioration des rendements et la mise en place de mesures particulières pour assurer la traçabilité du produit. Une ferme expérimentale sera également mise en place au profit des agriculteurs participant à ce réseau. Le premier responsable du groupe a souligné que l'Etat pourrait généraliser ce modus operandi dans le cas où le réseau réussit sa mission à l'est de l'Algérie.