Comment combler le fossé séparant les pays industrialisés et les pays défavorisés en matière d'accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC) ? Comment assurer une bonne gouvernance de l'internet ? Comment trouver des mécanismes de financement en mesure d'aider les pays en développement à suivre l'évolution mondiale en matière de TIC ? Ce sont les questions auxquelles il faut impérativement répondre lors des travaux de la seconde édition du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), qui se déroulera, à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au 18 novembre, à Tunis (Tunisie). Les participants à cette rencontre sont sommés de donner suite, du moins, aux recommandations de la première phase de ce sommet, tenue en décembre 2003 à Genève, la capitale suisse. L'une des préoccupations soulevées à l'issue du SMSI de Genève est comment financer le développement des TIC dans les pays tiers. Beaucoup de solutions ont été proposées, dont une a attiré l'attention de plusieurs participants. Elle est l'œuvre du président sénégalais, Abdoulaye Wade. Ce dernier a suggéré, en effet, la création d'un fonds de solidarité numérique ayant pour objectif essentiel la facilitation de la réalisation de projets d'accès universel aux TIC. L'idée n'a pas eu besoin d'énormément de temps pour mûrir. A peine exposée, la proposition du président sénégalais s'est vite propagée. Le maire de Lyon (France) et celui de Genève étaient les premiers à réagir à cette initiative. Avec le gouvernement du Sénégal, ces derniers ont décidé d'agir en constituant le Fonds de solidarité numérique, en décembre 2003, sous forme de fondation indépendante de droit suisse. Moins de deux ans après sa création, ce fonds a réuni déjà plus de 5 millions d'euros. Cette somme est parvenue de sources diverses, notamment du Nigeria (500 000 euros), de l'Algérie (500 000 dollars), du Maroc (300 000 euros), de la France (300 000 euros)... D'autre pays africains et occidentaux se sont engagés à verser leurs contributions. Afin de renforcer le financement public et privé de la stratégie d'accès universel aux TIC, un autre mécanisme a été mis au point toujours dans le cadre dudit fonds : le fameux principe de Genève. Ce dernier, visant à améliorer les ressources du fonds de solidarité, consiste à prélever une taxe de 1% sur les marchés publics concernant les TIC. La taxe sera directement retirée de la marge bénéficiaire des adjudicataires. Ainsi, il suffirait que les cent villes les plus grandes du monde appliquent ce mécanisme pour que se crée une nouvelle dynamique du financement public/privé. « Agissons ensemble, localement et globalement, pour que les opportunités du numérique que nous offre la société de l'information favorisent l'édification d'une société plus juste, plus équitable et plus solidaire. » C'est l'un des principes clé souligné dans la charte du Fonds mondial de solidarité numérique. Inauguré le 14 mars 2005, ce fonds a pour mission de financer des projets de développement qui permettent aux populations les plus marginalisés de jouer leur rôle dans la société de l'information. Le sommet de Tunis devra sortir avec des mesures palpables devant consolider la concrétisation de ce projet, notamment amener les pays industrialisés à prendre part à cette initiative. En plus du financement, il est également grand temps de réclamer la cessation de l'emprise américaine sur la gestion du système d'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), un grand aiguilleurs de réseau internet.