L'on s'attendait à une prise de décision pour des actions d'envergure, voire une grève ou une marche, ce qui a été brandi au départ comme une menace pour les prochains jours, mais finalement rien n'en fut. La Fédération des travailleurs de l'agroalimentaire s'est contentée d'une déclaration où elle a prononcé le gel de toute action de protestation en attendant la tenue des prochaines bipartite et tripartite. Elle signale que le dossier de l'agroalimentaire a été remis officiellement hier matin aux instances de l'UGTA qui promettent, pour leur part, de le soumettre aux discussions avec le gouvernement. En revanche, la déclaration de Abdelkader Malki, secrétaire national chargé des affaires publiques à l'UGTA, en marge de ce rassemblement, sonne comme une façon de dissuader les travailleurs de l'agroalimentaire, pourtant surexcités, à aller vers des actions de protestation d'envergure. En soulignant que « les marches et les sit-in ne sont pas des moyens de lutte syndicale », M. Malki a comme mis la Fédération devant ses responsabilités. De plus, à travers l'absence fort remarquée du patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, ne faut-il pas comprendre un non-soutien à une quelconque action de protestation ? Et ce, même si M. Malki a tenu à préciser que Sidi-Saïd étant occupé c'est pourquoi sa non-présence. En tout cas, la déception chez certains syndicalistes à leur retour était visible. Certains n'ont même pas attendu la déclaration finale de la fédération pour quitter la salle où a eu lieu le rassemblement. Ce faisant, ils étaient des centaines, voire des milliers de travailleurs de l'agroalimentaire près de 5000 personnes, selon les organisateurs à affluer de toutes les contrées du pays, en dépit de l'éloignement pour beaucoup d'entre eux afin de marquer leur présence à ce rassemblement prévu au siège de la centrale syndicale. C'est en tout cas une véritable démonstration de force qu'ils ont faite en ralliant Alger. Immatriculés pour la plupart de toutes les wilayas du pays, des dizaines de bus déversaient des syndicalistes affiliés à toutes les entreprises du secteur. 10 h passées, la placette faisant face au siège de l'UGTA était noire de monde. Au même moment, toutes les allées et ruelles menant au lieu du rendez-vous ont été bouclées par un impressionnant dispositif de sécurité. A l'intérieur du siège de la centrale syndicale, il était difficile de se frayer un chemin vers le devant de la scène. Des dizaines de banderoles sur lesquelles sont inscrits les différents slogans des syndicalistes de l'agroalimentaires ont orné le siège de l'UGTA. Ainsi, nous pouvons lire : « Non à la mise à mort des entreprises publiques », « Non au bradage du secteur économique publique au dinar symbolique » ou encore « Non au partenariat sans le partenaire social ». Dans son intervention, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l'agroalimentaire a développé un discours vitriolé où il a eu droit à chaque fois à un tonnerre d'applaudissements. Dans une salle pleine comme un œuf, Kamel Benabbou n'a pas lésiné sur les mots, parfois durs, pour dénoncer le bradage des entreprises de l'agroalimentaire. Aussi insiste-t-il sur un non -partenariat sans concession. « Pas de partenariat sans l'association du partenaire social », promet-il avec insistance. A ses yeux, « les Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) ndlr) négocient avec des trabendistes pour reprendre les entreprises publiques ». Il révèle que les créances des entreprises de l'agroalimentaire s'élèvent à six milliards de dollars alors que les dettes de ces dernières ne seraient que de l'ordre de 4 milliards de dollars. Le représentant de l'UGTA a, pour sa part, dans une discussion en marge du rassemblement, soutenu que l'UGTA n'est pas contre les réformes. Il précise toutefois que celles-ci doivent se faire dans « la visibilité et la transparence et avec la participation du partenaire social ». Une façon pour lui de préserver les postes d'emploi.