La prochaine tripartite risque d'être explosive. Cette déclaration a été faite hier par M.Kamel Benabou, secrétaire général de la Fédération nationale de l'agroalimentaire (Ugta). Contacté par nos soins, le responsable de la Fédération n'est pas allé par quatre chemins pour brandir la menace de recourir à la rue dès la rentrée sociale. «Nous sommes en train de mobiliser les foules, et si nos doléances ne sont pas prises en considération d'ici à la première semaine du mois de septembre, nous occuperons la rue, advienne que pourra!», nous a déclaré M.Benabou, qui a promis de tout faire pour sauver les emplois des travailleurs. A notre question de savoir pourquoi marcher sur le Palais du gouvernement et non pas sur le siège de la Centrale syndicale par exemple, notre interlocuteur a été expéditif : «Le gouvernement est la source de tous nos problèmes», a-t-il martelé. Ainsi, le secteur de l'agroalimentaire public, à l'instar d'autres, risque de connaître dans les mois qui viennent, voire les semaines, une vague de contestation sans précédent. Sentant le danger, les syndicalistes du secteur public de l'agroalimentaire ont multiplié, ces derniers jours, réunion sur réunion pour faire face à la situation, d'autant plus que Boukrouh a clairement affirmé dimanche dernier que «l'Algérie, concernant son adhésion à l'OMC, avait proposé l'ouverture de onze secteurs des services et 101 sous-secteurs d'activité sur les 165 recensés par l'organisation, à l'exception, a-t-il dit, de certains sous-secteurs comme l'audiovisuel et le régime de change». Rappelons qu'en 2002, Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de la puissante Centrale syndicale, concernant justement le secteur de l'agroalimentaire, avait claqué la porte lors des «pourparlers» avec l'ex-ministre de la Privatisation et de la Coordination des réformes où il était question de la «privatisation» d'une quarantaine d'entreprises (SGP). Le secteur de l'agroalimentaire public, qui emploie un peu plus de 90.000 travailleurs dont 70.000 affiliés à l'Ugta, concrètement et d'après les différentes déclarations de nos ministres, même s'ils ne citent pas pour l'heure directement ce secteur, risque d'être touché par cette «privatisation» de plein fouet, avec son lot de compressions d'emplois, de mises à la retraite anticipée et de déchéance de familles entières. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction hier, la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires a violemment réagi face à une situation qui semble malheureusement incontournable. Tout en dénonçant le «silence complice des autorités devant un tel danger», les syndicalistes réunis en session extraordinaire lundi dernier au siège de la Fédération, tirent la sonnette d'alarme sur ce qu'ils ont qualifié de «destruction ourdie», conséquences, ont-ils tenu à indiquer, de «programmes successifs qui ne reflètent pas la réalité algérienne parce que importés et dépassés». La Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires n'y est pas également allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer entre autres «les promotions dont ont bénéficié ceux qui ont contribué à la destruction du secteur» ainsi que la politique menée jusqu'ici et faite de «marginalisation des représentants des travailleurs à l'intérieur même des entreprises». Enfin, les rédacteurs du communiqué dénoncent la «politique observée par les représentants et les responsables des sociétés de gestion» qu'ils accusent au passage de «vouloir à tout prix détruire et se débarrasser du secteur public». Pour toutes ces raisons, la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires, au terme de sa réunion extraordinaire, a décidé, en guise de premières actions, d'organiser des conférences régionales pour préparer sa base et ses cadres syndicaux pour faire barrage à ce «projet de destruction du secteur public», «décrète la grève de tout le secteur dès la rentrée sociale» et enfin lance un «appel à tous les travailleurs et toutes les consciences afin de rester derrière leurs représentants au sein du syndicat pour protéger leur emploi, et du coup, leur gagne-pain». Il y a lieu de signaler, par ailleurs, qu'une autre réunion de la Fédération nationale des industries agroalimentaires est programmée samedi prochain, d'après son secrétaire général, M.Kamel Benabou. En tout état de cause, la prochaine tripartite risque d'être explosive.