De nouveaux débrayages ne sont pas à exclure dans les prochains jours. La rencontre, tenue jeudi, entre le gouvernement et l'Ugta est loin d'aplanir la tension qui marque le front social ces derniers mois. Mieux, la bipartite constitue, pour certains syndicats, que nous avons contactés, «un point de départ pour d'autres actions de protestation, plus vigoureuses». La Fédération nationale des travailleurs de l'industrie agroalimentaire, qui a fait appel au courant du mois précédent à l' arbitrage du président de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, pour contrer «le redressement imminent du monde de travail et la menace de privatisation progressive du secteur», s'est montrée très déçue des résultats de la bipartite. «En ce qui nous concerne, la bipartite est un véritable échec, même si L'Ugta crie à la victoire», précise M.Benabou Kamel, le secrétaire général de cette fédération. Celle-ci, qui a renoncé à ce mouvement de grève à la veille de la bipartite après les «assurances de l'Ugta » semble décidée à reprendre le chemin de la protestation. «Nous n'allons pas baisser les bras», ajoute M.Benabou. Nous apprenons à ce sujet, que la fédération va se réunir vers la fin du mois de novembre pour arrêter la nature du mouvement de protestation que comptent prendre les travailleurs de l'agroalimentaire. «Nous nous opposons à cette mascarade de bipartite», déclare M.Tahar Besbasse, SG du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), actuellement en grève. Notre interlocuteur dénonce, de prime abord, «l'exclusion» des syndicats autonomes de cette rencontre. «80% des travailleurs de la Fonction publique sont affiliés à des syndicats autonomes, une donne qui n'est pas pour intéresser le gouvernement». Résultat, le syndicat, qui revendique entre autres, un statut particulier pour les praticiens de la santé publique, estime que «les résultats ne nous engagent en rien». Une déclaration qui dénote la détermination du Snpsp à poursuivre son mouvement de grève. Evoquant le dossier de la fonction publique, M.Besbasse doute de la volonté du gouvernement à régler cette question. «Ce dossier reste prisonnier des commissions mixtes», mettant en garde que le Snpsp «ne va plus se contenter des promesses». Et à notre interlocuteur de menacer, «si comme prétendu par Sidi Saïd, l'Ugta est le premier syndicat dans le pays, qu'il bloque les mouvements de protestation qui se succèdent». Le même ton est enregistré au Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) qui s'apprête à débrayer à partir de demain. M.Khendek, le SG du Snpssp, atteste que «l'Ugta n'a rien arraché de positif, au vu des attentes de l'ensemble des travailleurs du secteur de la santé». Emboîtant le pas au Snpsp, M.Khendek pense que «le gouvernement doit associer l'ensemble des syndicats dans les négociations», partant du fait que «l'Ugta a perdu beaucoup de sa crédibilité et la majorité de sa base à cause de sa politique». Le Snpsp qualifie la bipartite de «jeu politique entre le gouvernement et l'Ugta». La Coordination des lycées d'Alger (CLA), a élaboré ses propres propositions sur le dossier de la Fonction publique. Pour le coordinateur du CLA, M.Osmane Redouane, «l'Ugta est sortie les mains vides», qualifiant par là même «de régressif», le projet du statut de la Fonction publique, qui va «à contre-courant» des acquis arrachés par la classe ouvrière. Redouane Osmane estime que la qualité de l'enseignement que la tutelle exige, dans le cadre de ses réformes, doit passer inéluctablement par la mise en place des moyens socioprofessionnels adéquats pour les enseignants, en premier lieu des postes permanents. Par ailleurs, la Fédération des travailleurs des finances qui a pris part à la commission mixte (gouvernement-Ugta) sur la Fonction publique, se déclare «satisfaite» des résultats de la bipartite. M.Ahmed Zouaoui, SG de cette fédération affiliée à l'Ugta, considère «acceptables» les propositions du gouvernement. La commission, qui a organisé plus de 70 réunions, reprendra ses concertations dans les prochains jours, selon lui. Evoquant le fameux article 18, M.Zouaoui estime «qu'il est irréaliste» d'exiger la permanisation de plus de 300.000 travailleurs. Les coordinations des impôts et le syndicat du Trésor public qui ont débrayé la semaine précédente seront-ils du même avis?