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Empreinte
Rencontre avec Günter Grass
Publié dans El Watan le 17 - 11 - 2005

A la mi-octobre de cette année, la ville d'Aix-en-Provence sous l'égide de Mme Annie Terrier, présidente de l'association Ecritures croisées avait organisé un hommage à Günter Grass, Prix Nobel de littérature en 1999 et immense écrivain iconoclaste vis-à-vis de son pays l'Allemagne et de l'Occident arrogant et falsificateur de l'histoire.
J'avais rencontré Günter Grass plusieurs fois à la foire du livre de Frankfurt et ailleurs dans le monde (Cuba, USA, France) et nous nous sommes liés d'amitié ! D'abord parce que tous les deux nous avons toujours adossé nos romans à l'histoire et que, ensuite, nous tenons à ce que l'écrivain s'engage dans la cité (il a été l'ami de Willy Brandt, chef du PSD, lorsque ce parti était un vrai parti socialiste). Ses livres, cependant, doivent être lus comme de longs poèmes dédiés au malheur et au bonheur humains. Pour cet hommage rendu à Günter Grass par la ville d'Aix-en-Provence, l'écrivain allemand s'était entouré de quelques écrivains amis venus des cinq continents. J'étais content d'être parmi les amis invités, parce que j'ai toujours considéré Günter Grass (comme je l'ai fait pour Claude Simon) comme un écrivain exigeant, un poète gargantuesque et un citoyen allemand engagé dans sa cité et dans la cité du monde. Né en 1927 à Dantzig, ville qui est à l'origine de la Seconde Guerre mondiale et qui a changé tant de fois de mains (Pologne et Allemagne) et redevenue polonaise à la fin de la cette guerre, il ne fit pas d'études supérieures puisqu'il a été incorporé dans l'armée en 1944, il n'avait que 17 ans. Cette armée était déjà en train de perdre la guerre qu'Hitler avait déclarée (la Seconde Guerre mondiale) pour occuper l'Europe dans son ensemble. A la fin de la guerre, Günter Grass crée le groupe 47 (en 1947) avec un certain nombre d'artistes, pour exprimer leur dégoût devant l'horreur nazie et revendiquer un complexe de culpabilité qui ne cessera jamais d'être vivace chez ce grand romancier allemand et qu'il attisera dans chacun de ses romans ou chaque fois que des voix s'élèveront en Allemagne pour dire qu'il est temps d'oublier la barbarie hitlérienne et les crimes commis par l'Allemagne nazie . A la fin des années 1940, Günter Grass suivit des cours de dessin et de sculpture (il exposera ses oeuvres dans le monde entier) à l'Ecole des beaux-arts de Berlin, mais très vite il opta pour la littérature tout en continuant à peindre et à dessiner. A partir de 1958, année où il écrivit et fit jouer une pièce de théâtre intitulée : Encore dix minutes jusqu'à Buffalo, il devint le porte-parole d'une génération qui a participé à la guerre et qui en est sortie meurtrie et surtout avilie par l'idéologie nazie dans laquelle certains d'entre eux ont cru. Puis, ce furent deux autres pièces : Les Méchants Cuisiniers (1959) et Les Plébéiens répètent l'insurrection. Mais ce sont ses romans qui feront de lui l'immense écrivain qu'il est aujourd'hui. Ainsi paraissent Le Tambour (1959), porté à l'écran par son compatriote le metteur en scène Werner Schloëndorf, Le chat et la souris (1961), Les Années de chien (certainement son chef-d'œuvre), Le Turbot (1977), La Rate (1985), Propos d'un sans-patrie (1989), L'Appel du crapaud (1990), Mon Siècle (1997), et enfin Toute une histoire (1998) qui a valu à l'auteur, un déchaînement haineux des médias, parce qu'il y critiquait la réunification allemande, injuste de son point de vue. C'est ce livre qui a été déchiré par un critique hystérique, en direct, au cours d'une émission télévisée et dont nous avons déjà parlé dans un précédent article. Dans tous ses romans, Günter Grass crée un climat et un univers cruels, absurdes et inquiétants. Anarcho-socialiste, le romancier allemand dénonce et tourne en dérision les valeurs de l'adulte sans pour autant trouver refuge dans l'univers de l'enfance qui lui aussi est semé d'embûches, de perversité, de mimétisme, et organise l'expérience de la peur décisive, de la haine et de la cruauté. Ses livres sont écrits dans une langue flamboyante savoureuse à la fois et grossière, avec un penchant pour le cynisme qui cache souvent la compassion et la tendresse dont est bourré Günter Grass. Avec sa verve prodigieuse doublée d'une minutie presque maniaque et acerbe, Günter Grass nous donne une œuvre monumentale. Toute notre histoire !

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