D'apparence, le pays ne jouit d'aucun atout pour améliorer son attractivité. Conjugué à l'instabilité militaro-politique chronique au Proche-Orient, cet élément aurait fait de la Jordanie un vaste champ désertique qui ne susciterait aucune ambition économique. Mais grâce à une visibilité efficace dans les programmes sectoriels tracés, les autorités politiques du royaume hachémite ont réussi en termes de développement là où beaucoup d'autres pays ne font qu'enchaîner des échecs malgré l'embellie financière dont ils jouissent, à l'instar des économies basées essentiellement sur la rente pétrolière. En moins de 20 ans, ce pays, dont la population est d'origine bédouine dans son écrasante majorité, s'est distingué d'une façon singulière dans deux secteurs d'activité : l'industrie légère et le tourisme. Pour le premier secteur, il faut noter que la Jordanie ne dispose pas d'une industrie lourde ou stratégique. Ce pays s'appuie plutôt sur le développement de la petite et moyenne industrie dans plusieurs créneaux comme les produits pharmaceutiques, l'agroalimentaire et les industries minières. Un rapport d'orientation des filières industrielles élaboré en 2009 par la chambre d'industrie d'Amman, estime à 206 352 de personnes employées dans le secteur de la PME/PMI, soit 13,8% du total de la population active dans le pays, estimée à près de 1,5 million d'habitants, alors que le nombre total des petites et moyennes entreprises est à 14 901 entités, soit une PME pour 417 habitants, une moyenne qui demeure certes très en-deçà de la norme universelle qui est d'une PME/100 habitants. Par secteur d'activité, les industries électriques et les technologies de l'information et de la communication est la filière qui connaît une nette expansion avec plus de 5 300 PME, suivie de l'industrie du bois et ameublement dont le nombre de PME dépasse les 2 800 entités. Près de 1 400 entités activent dans la filière agroalimentaire et plus de 1 200 autres dans l'industrie et transformation du cuir. Dans l'ensemble, la croissance dans le secteur de l'industrie est estimée à une moyenne de 5% par année, à l'exception de la période 2007/2008 où le secteur a connu un ralentissement sensible suite à la crise financière qui a sévi à l'échelle mondiale. 2 milliards USD grâce à un marketing touristique efficace Dans le domaine touristique, la Jordanie a réalisé des performances remarquables. Le tourisme est une des principales sources de revenu de la Jordanie avec près de 2 milliards de dollars d'entrées en devises annuellement, selon le ministère jordanien du Tourisme et des antiquités. Le royaume compte plusieurs sites archéologiques qui attirent de plus en plus les touristes étrangers, notamment les Occidentaux. La cité antique de Pétra, est la destination la plus prisée par les dizaines de milliers de touristes prenant la destination de la Jordanie chaque année. Sise à 200 km au sud-ouest d'Amman, à mi-chemin entre le golfe d'Aqaba et la mer Morte, Pétra qui est un mélange de civilisations grecque, romaine et nabatéenne doit son attractivité aux impressionnants temples y existants et autres réalisations comme les sculptures et les grottes qui sont des joyaux de la préhistoire. Aujourd'hui, la cité antique de Pétra est le cœur battant du secteur touristique de la Jordanie. Selon le président adjoint du gouvernorat de Pétra, Mohamed Abou El Ghanam, les recettes du site en question ont atteint 1,65 milliard DJ, (près de 2 milliards de dollars) durant les 10 premiers mois de l'année 2010, soit une croissance de 36% par rapport à la même période de l'année d'avant. La grosse part du chiffre d'affaires de Pétra est tirée des droits d'accès au site qui ont atteint depuis le début de l'année 50 DJ (55 euros) pour les étrangers à la faveur des augmentations spectaculaires qu'a connu le régime fiscal jordanien. Depuis le début de l'année en cours et jusqu'à la fin du mois d'octobre dernier, le flux de touristes à Pétra a atteint 761 750 visiteurs étrangers, en hausse de 26% par rapport à la même période de l'année d'avant. Le même responsable explique cette croissance par l'efficacité du marketing touristique mené par les autorités jordaniennes à l'échelle internationale, mais aussi l'amélioration des services fournis sur place notamment les mesures de sécurité pour protéger les visiteurs étrangers. Outre Pétra, d'autres destinations touristiques enregistrent le même engouement, à l'instar du site romain de Jérash au nord du pays ou les routes des rois au sud. En outre, depuis quelques années, le tourisme médical est un autre créneau en vogue dans le royaume hachémite avec des milliers d'étrangers qui s'y rendent pour des soins médicaux divers. Cet engouement est favorisé par les performances réalisées dans le domaine hospitalier. Selon l'office jordanien du tourisme, en 2007, la Jordanie a réalisé plus d'un milliard de dollars de revenus provenant du tourisme médical avec plus de 250 000 étrangers qui y ont suivi des soins, dont 45 000 Irakiens, 25 000 Palestiniens, 1 800 Américains, 1 200 Britanniques et 400 Canadiens. Le même organisme précise que les Occidentaux se rendent en Jordanie pour des prestations médicales jugeant que les prix pratiqués ne représentent qu'environ 25% des coûts des soins dans leurs pays d'origine.