La contrefaçon constitue un phénomène en augmentation constante», estiment les intervenants lors de la journée d'étude sur « Le phénomène des produits contrefaits», organisée, hier, par la direction du commerce et de la Chambre de commerce et d'industrie des Bibans. La manifestation a eu lieu au complexe culturel Aïcha Haddad de Bordj Bou Arreridj. La contrefaçon n'épargne aucun secteur d'activité économique ou de service. Auparavant, elle affectait essentiellement les industries de luxe, mais depuis quelque temps, la gamme des produits contrefaits ne cesse de se diversifier, observe en substance l'un des intervenants. Au niveau national ou local, il n'existe guère de données permettant de cerner la dimension réelle du phénomène. «Mais l'impression que l'on peut dégager à partir des lieux de vente de produits contrefaits dans nos différentes villes et villages est suffisamment révélatrice de l'ampleur du problème », tient à préciser un des conférenciers. Malheureusement, Bordj Bou Arréridj, Sétif, El Eulma, Tadjenanet et d'autres villes sont devenues les hauts lieux de la contrefaçon dans le domaine de la mode, de l'électroménager, de l'électronique, des produits cosmétiques, détergents, pièces détachées, cigarettes, jouets, produits alimentaires, billets de banque et même des médicaments. Au départ, des trabendistes et de pauvres passeurs étaient utilisés par des réseaux et de véritables professionnels de la fraude. Mais ces dernières années, des quantités énormes de marchandises contrefaites sont carrément importées de l'étranger. La contrefaçon locale est devenue très rare et ne touche que quelques produits tels que le tabac à chiquer, l'eau de javel, l'eau distillée… La contrefaçon s'est tellement raffinée qu'il est difficile de distinguer la copie de l'original dans le souk. Il arrive même que le consommateur achète un produit d'imitation à un prix encore plus élevé que l'original. «Le phénomène se développe de façon catastrophique et les premières victimes les citoyens qui se font avoir en terme de sécurité et de santé», relève Abdelmalek Benhamadi, un industriel de Bordj Bou Arréridj. Le directeur du commerce de la wilaya, Djillani Sebouaâ, a rappelé que de telles pratiques sont à l'origine de nombreux préjudices; ils sont à condamner pour plusieurs raisons: «D'abord ils touchent à la sécurité du consommateur et peuvent être très dangereux pour sa santé; ensuite, et d'un point de vue économique, la contrefaçon remet en cause l'image de marque des entreprises productrices et provoque une baisse de leur chiffre d'affaires. A cela s'ajoute, le fait qu'elle échappe au système d'imposition; ce qui constitue un manque à gagner pour l'économie nationale.» Enfin, d'un point de vue éthique, la contrefaçon peut remettre en cause la crédibilité du commerçant et ses valeurs, notamment la confiance entre le client et le commerçant.