S'il y a bien un événement qui a marqué Ouargla en 2010, c'est la tentative de suicide collectif de jeunes chômeurs le 27 juillet. De sit-in en grèves de la faim pour réclamer leur droit au travail, les révoltés n'ont pas quitté les sièges de daïra et de wilaya ainsi que les bureaux de l'agence de l'emploi. Mais le 27 juillet 2010 marquera le tournant dans cette démarche. Après des mois de va-et-vient, le désespoir a pris le dessus. Le retour bredouille d'un copain après un nouveau test non probant a poussé à bout ces chômeurs qui se sont dit que la seule solution était de «mourir ensemble devant les portes de l'agence de l'emploi». Dès 7h en ce jour d'été et sous un soleil préludant de la canicule usuelle exacerbée par un moral à zéro, les rebelles ont pris d'assaut les dépendances de l'agence régionale de l'emploi située à l'avenue Abderrahmane Rouabah. Cinq d'entre eux sont montés sur la terrasse munis d'armes blanches et de cordes avec la ferme intention de se jeter d'en haut. Après s'être tailladé le torse et le nombril, les chômeurs s'apprêtaient à mettre à exécution leur chute. Un suicide collectif mûrement réfléchi, témoigneront par la suite Madani Ghobchi et Tahar Bélabbes qui se sont portés «volontaires à la mort en espérant que la vie des autres soit meilleure». Mais la tentative a été avortée par les appels à la raison de la foule et les assurances du directeur des moudjahidine et des officiers de police qui ont promis d'intervenir pour régler le problème avec les responsables de l'emploi. Vain espoir. Ni la mort avortée ni la vie présagée n'ont rien changé à l'état des choses. Les chômeurs continuent à organiser des sit-in pour signifier aux pouvoirs publics que le temps des émeutes est révolu et que seule la lutte pacifique unit désormais les chômeurs de toutes les zones pétrolières et gazières du sud du pays. Un «comité de défense des droits des chômeurs du sud » est né le 30 novembre 2010.