En août 2005, en marge d'une entrevue à Alger avec Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, Abdelaziz Bouteflika a déclaré que le Maroc gagne "trois milliards d'euros par an" grâce à la contrebande qui se pratique tout au long de la frontière Algérienne, révèle un câble diplomatique obtenu par Wikileaks. Le Maroc se remplit bien les poches grâce à la fermeture des frontières Algériennes. Et ce n'est pas un expert en économie qui l'affirme, mais bel et bien le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En août 2005, Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a conduit une importante délégation américaine à Alger qui comprenait, notamment, le général John Johnes, commandant en chef des forces américaines en Europe et commandant suprême des forces alliées en Europe. Et lors de ses discussions avec Richard Lugar à Alger, A. Bouteflika n'a pas hésité à critiquer le Makhzen et sa politique vis-à-vis de l'Algérie, rapporte un mémo confidentiel de l'ambassade US à Alger. Datant du 19-08-2005, ce câble nous apprend que Abdelaziz Bouteflika s'est engagé auprès de ses interlocuteurs américains à "respecter les résultats d'un référendum au Sahara Occidental". "Bouteflika a dit qu'il était prêt à signer maintenant un document qui engage l'Algérie à accepter les issues d'un référendum quel que soit son résultat. Il a dit qu'un référendum était comme une "boîte de Pandore", mais l'Algérie accepterait le résultat", rapporte dans ce mémo l'ex ambassadeur américain en poste en 2005 à Alger, Richard Erdman. Selon ce mémo, Bouteflika a fait également savoir au sénateur américain Richard Lugar que des 1999, il avait pris une décision qui a contrarié "l'armée et les services de renseignement", indique-t-on. Cette décision concerne l'engagement de l'Algérie à ne jamais déclarer la guerre contre le Maroc si le Polisario décide de reprendre les armes dans sa lutte pour l'indépendance contre le Makhzen. "Le Polisario n'impliquera pas l'Algérie dans une guerre", aurait déclaré Bouteflika en faisant savoir aux diplomates américains qu'il interdira aux sahraouis de se servir de l'Algérie comme "une base arrière". Cependant, en dépit de ses engagements, Richard Lugar a relevé que le président Algérien ne s'est guère montré pour autant amical avec Mohamed VI et ses "manières infantiles" à gérer les graves problèmes de la région. Ainsi, pour Bouteflika, aucune normalisation n'est possible avec Rabat tant que "le Maroc ne revient pas à l'ONU" pour régler la question Sahraouie. L' Algérie reste toujours très attachée au droit des peuples à l'autodétermination et ce "même si elle était le dernier membre de l'ONU au monde à le défendre", rapporte encore ce câble diplomatique américain. Face aux pressions américains sur la question de la réouverture des frontières avec le Maroc, Abdelaziz Bouteflika a refusé également de céder. Il est allé même jusqu'à déclarer que le Maroc profite bien de cette fermeture car "il gagne chaque année trois milliards d'euros" de la contrebande à la frontière algéro-marocaine. Pour Alger, le Sahara Occidental n'est pas "une simple question tribale" et les relations avec Rabat s'amélioreront le jour où le Maroc acceptera "les résolutions du Conseil de Sécurité et du droit international".