Cette fois-ci, l'optimisme est jouable avec les déclarations de Washington. Les Etats-Unis, se félicitant de l'initiative sahraouie, se sont déclarés pour une solution politique, dans le cadre de l'ONU, du conflit du Sahara. Cette annonce a été faite à Alger par le sénateur américain, Richard Lugar, président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, à l'issue d'une rencontre avec le président Abdelaziz Bouteflika. Le porte-parole du sénateur devait indiquer avant le départ de la délégation américaine vers l'Algérie que le sénateur allait superviser en personne et, sur la demande du président Bush, la libération de 404 prisonniers marocains détenus par le Front Polisario. La médiation américaine a été confirmée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui s'est chargé de l'acheminement de ces prisonniers, pour certains détenus depuis plus de vingt ans, vers leur pays. Près d'un millier de Marocains ont été faits prisonniers par le Front Polisario depuis l'éclatement du conflit du Sahara occidental en 1975 et plusieurs libérations partielles sont survenues depuis 1987. Richard Lugar, républicain, après s'être conféré avec le président algérien devait se rendre à Tétouan (Maroc) pour rencontrer le roi Mohammed VI. Le processus de normalisation dans la région semble ainsi d'autant plus s'accélérer que toutes les parties concernées par la question du Sahara — directement et indirectement — se sont ouvertement félicitées de l'entrée en jeu des Etats-Unis dans un conflit dont l'issue a toujours été incertaine du fait de surenchères et intransigeances marocaines. Le gouvernement espagnol a, de son côté, salué la libération des Marocains espérant que cet acte créera une nouvelle dynamique de règlement du conflit dont elle reste partie prenante, en tant que puissance coloniale du Sahara occidental. À Rabat, le ton est moins acerbe, et il faudra attendre l'entrevue du président du Sénat américain avec Mohammed VI pour savoir si, cette fois-ci, c'est le bon déclic. L'Algérie s'est, quant à elle, réjouie de ce geste humanitaire de grande portée. Le porte-parole de son ministère des Affaires étrangères a nourri l'espoir que cet événement marquera l'amorce d'une dynamique salutaire de paix, de bon voisinage et de convivialité au bénéfice des peuples de la région. Le conflit du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975, empoisonne depuis 30 ans les relations algéro-marocaines et gèle les activités de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le Front Polisario réclame l'indépendance du Sahara occidental, alors que Rabat propose une large autonomie sous la souveraineté marocaine, estimant que l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans le territoire est devenue obsolète ! Les Etats-Unis, par la voix du président George W. Bush, ont exprimé leur satisfaction et salué ce succès humanitaire, qui a été réalisé en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge et le département de la Défense américain, a indiqué la porte-parole adjointe de la Maison-Blanche Dana Perino. Même son de cloche à la Commission européenne, qui s'est félicitée de la libération des 404 derniers prisonniers marocains par le Front Polisario, réaffirmant son souhait d'un règlement négocié du conflit dans le cadre des Nations unies. L'UE interpelle le SG de l'ONU pour relancer le processus de paix afin de trouver une solution définitive et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental dans le cadre des résolutions onusiennes. Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a tenté de relancer la recherche d'une solution au conflit en nommant fin juillet l'ancien ambassadeur néerlandais aux Nations unies, Peter van Walsum, comme son envoyé personnel au Sahara occidental. D. Bouatta