Dans le monde rural, où le tissu industriel est quasiment inexistant, le chômage s'est exacerbé au point d'atteindre la côte d'alerte. Battant en brèche la version officielle qui parle de réduction à 12% du taux de chômage au niveau de l'ensemble de la wilaya, de nombreux citoyens interrogés ont affirmé que «le fléau, chez les jeunes particulièrement, égale, sinon dépasse la barre des 70%». Dans certaines régions montagneuses enclavées, des interlocuteurs sont allés jusqu'à jurer que «le pourcentage est de l'ordre de 90%, voire 100%». L'affirmation est, entre autres, de B. A., instituteur rencontré dans un café populaire à Chigara, attablé avec deux jeunes recalés du secondaire. Ce dernier a martelé: «Dans cette commune isolée du nord, tout le monde est chômeur. Les investissements générateurs d'emplois et de richesses sont au point mort dans notre région. Et puis, vous n'avez qu'à regarder les jeunes entassés par centaines dans les cafés à longueur de journée pour mesurer l'ampleur du mal.» Aux fins fonds montagneux de la wilaya, plusieurs autres localités, comme Beïnen, Tassala Lamtaï, Tassadane Haddada, Layadi Barbès, en passant par Minar Zaraza et Amira Arrès, sont laminées par l'absence patente de perspectives d'emplois, au grand désespoir de milliers de jeunes. «Lorsque des diplômés universitaires allongent chaque année la liste des sans-emploi, que dire alors de ceux qui n'ont pas de qualification et de compétence professionnelle ?» a tempêté, T. M., de niveau de terminale, converti en chauffeur de taxi. Des personnes questionnées ont souligné, par ailleurs, que «de nombreux jeunes vivotent grâce à la vente de bibelots et de fruits et légumes sur la place publique, ainsi que les maigres opportunités offertes par les travaux de manutention au niveau des champs de maraîchage».