La crise qui secoue le secteur de la santé depuis plusieurs années ne trouvera pas d'épilogue de sitôt. Ce secteur, figurant parmi les plus névralgiques du pays, a connu une forte instabilité. En une décennie, sept ministres ont pris les rênes de ce département, ce qui a causé des désagréments à ce corps qui ne croit plus aux promesses sans lendemain des pouvoirs publics. Face à un pouvoir autiste et à une tutelle désengagée, les praticiens de la santé ont alors opté pour la contestation pour se faire entendre et faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles. Depuis début 2009 et jusqu'à l'arrivée du nouveau ministre, Ould Abbas, les praticiens et spécialistes de la santé ont occupé le terrain de la protestation, multipliant les arrêts de travail, les sit-in et les rassemblements. L'intersyndicale des praticiens de la santé publique, regroupant le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), dresse à chacune de ses sorties médiatiques un tableau noir de l'état de santé du secteur. Initiateurs de la protesta, les porte-parole de ces organisations syndicales ont gelé leur mouvement de grève suite aux assurances et promesses du nouveau ministre, mais les praticiens commencent à s'impatienter, car jusqu'à l'heure, aucune de leurs doléances, allant de la plus simple à la plus compliquée, n'a été prise en charge. Ces deux syndicats rejettent le projet de décret portant statut particulier des praticiens et des spécialistes de la santé imposé et non proposé par les pouvoirs publics et demandent la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte et l'installation d'une commission mixte pour la mise en place du régime indemnitaire. Ils demandent un salaire décent et l'amélioration des conditions de travail afin de prendre soigneusement en charge les malades. Les deux syndicats ont dénoncé, par ailleurs, les intimidations et les dépassements de l'administration enregistrés dans diverses régions du pays à l'adresse des syndicalistes et demandent, à cet effet, la levée de toutes les situations d'entraves au libre exercice du droit syndical. Les syndicats ont soulevé, en outre, le problème de la nouvelle carte sanitaire et les contraintes qu'elle crée à ce jour. Ils réclament également l'uniformisation du week-end universel et leurs quotas de logements de fonction. Les syndicats ne nient pas le fait que le nouveau ministre a hérité d'une profonde crise, car, selon eux, Barkat a très mal géré le secteur. Ils sont convaincus que si le chef de l'Etat a opéré un changement à la tête de leur tutelle, c'est parce que la santé publique est malade.