Deux membres du comité central font une analyse très critique de la situation que traverse l'ex-parti unique. C'est dans un climat délétère que se tient, aujourd'hui, la réunion du comité central du parti FLN. De plus en plus, son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, s'isole et les rangs des militants qui contestent la légitimité de l'actuelle direction, voire même du 9e congrès, grandissent. Ainsi, deux figures du parti et pas des moindres, Abderrezak Bouhara et Mohamed Boukhalfa, après avoir annoncé leur boycott de la session du comité central, comptent carrément geler leur activité au sein de cette instance et menacent même de rompre organiquement avec le parti. Dans une longue lettre de 25 pages adressée au secrétaire général du parti, les deux sénateurs présentent un parti caractérisé par «le verrouillage organique, la banalisation du débat d'idées, l'enfermement dans des monologues improductifs, le clientélisme politique tous azimuts, l'allégeance clanique et la pratique abusive de la cooptation». Pour eux, la nouvelle étape n'annonce aucun progrès, bien au contraire, «elle apparaît de plus en plus comme une étape de régression». En motivant leur boycott de la réunion d'aujourd'hui, les deux membres du Comité centrale ont estimé que «toute réunion du comité central n'est valable que dans la mesure où elle regroupe exclusivement les militants qui répondent aux conditions prévues par les dispositions des statuts du parti. Ceux qui sont parvenus au comité central en violation de ses dispositions, à travers des pratiques népotiques ou par le pouvoir de l'argent, ne peuvent être admis à participer aux réunions de la direction». BOYCOTT DE LA REUNION D'AUJOURD'HUI Et d'ajouter : «Notre décision de geler, éventuellement, nos activités au sein du comité central est motivée par de graves divergences qui nous opposent à la démarche du secrétaire général. Le refus d'en débattre qu'il manifeste actuellement justifie pleinement l'éventualité de notre retrait du comité central.» Ils n'écartent pas l'éventualité de quitter définitivement le parti. «Nous prenons le risque de nous éloigner de notre parti officiel après plus d'un demi-siècle», ont-ils écrit.Ainsi, les deux membres du comité central font une analyse très critique de la situation que traverse l'ex-parti unique. «Le parti FLN est, à notre avis, toujours en situation de crise et son exécutif est toujours dans l'incapacité d'imaginer une sortie de crise. Cette situation de crise connaît, depuis le 8e congrès, un phénomène d'accélération particulièrement inquiétant», peut-on lire dans la lettre, dont El Watan détient une copie. Cette crise, selon les rédacteurs du document, est «multidimensionnelle : une crise d'identité, une crise de représentation sociale, une crise d'organisation, une crise de fonctionnement, une crise de confiance et une crise de représentativité populaire». Au chapitre «crise d'identité», MM. Bouhara et Boukhalfa sont catégoriques : «Oui, une crise d'identité ! L'identité de notre parti est sérieusement dénaturée. (…) Le discours – pour ne pas dire les discours du parti –est un discours à la carte. Il comporte des réminiscences historiques confuses.»