Julian Assange a été, la semaine dernière, libéré après que des célébrités et des amis aient payé une caution de 370 000 dollars. L'Australien, âgé de 39 ans, se bat désormais activement contre les accusations d'agression sexuelle en Suède. Le fondateur de WikiLeaks est hébergé, dans un manoir en Angleterre, depuis sa libération conditionnelle, dans la propriété de Vaughan Smith, un ancien militaire reconverti en journaliste de guerre, qui croit en son combat. «Assange a ouvert une brèche qui va changer le monde. De plus en plus de gens veulent que les gouvernements soient plus ouverts. Le résultat est que le monde pourrait en devenir meilleur», explique l'hôte d'Assange, alors que certains jugent cette affaire de «psyop», une opération psychologique orchestrée par les gouvernements. Dans une interview à MSNBC, mercredi, Assange a comparé l'opprobre visant WikiLeaks par l'Administration Obama et d'autres critiques à la «persécution» endurée par les juifs américains dans les années 1950. Il a ajouté : «Je ne suis pas le peuple juif», mais a suggéré que le dénominateur commun est que les partisans de WikiLeaks et les juifs américains sont «des gens qui croient à la liberté d'expression et de responsabilité». Peter Sunde, cofondateur du site, a déclaré aux médias que par ces scandales, M. Assange nuisait aux travaux effectués. 3700 «câbles» sur l'Etat hébreux Cette déclaration survient après l'annonce d'un journal norvégien qui affirme avoir mis la main sur la totalité des 250 000 câbles diplomatiques que détient WikiLeaks, et ce, sans le consentement de l'organisation de Julian Assange. Ce dernier est pour l'heure privé de tout contact préalable avec Bradley Manning, ex-militaire suspecté d'être le fournisseur d'une partie des documents secrets du site. Même s'il y a eu un certain nombre de poursuites des employés du gouvernement en vertu de la loi américaine sur l'espionnage et la perte d'informations classées top secret, il n'y a jamais eu de poursuite à l'encontre des journalistes qui reçoivent et publient les «câbles.» «Quelqu'un de l'autorité a clairement l'intention de tenir Julian en prison», a t-il dit de lui-même. Julian Assange accuse un ou des hauts placés d'un gouvernement de vouloir le tenir loin de la scène médiatique et prend cette menace pour un avertissement qui concernerait tous les journalistes : «Il y a eu des essais délibérés de soustraire WikiLeaks aux protections offertes par le 1er amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression.» M. Assange déclare que les accusations portées contre lui ont mis en péril ce que WikiLeaks a bâti. «Nous avons changé la gouvernance, nous avons certainement changé de nombreuses personnalités politiques au sein des gouvernements, nous avons fait de nouveaux efforts de réforme du droit, nous avons fait des enquêtes de police sur les abus auxquels nous sommes exposés, les enquêtes des Nations unies, les enquêtes ici au Royaume-Uni, en particulier en ce qui concerne notre révélation des circonstances de la mort de 109 000 personnes en Irak...», a-t-il dit. Et d'ajouter : «Nous sommes en train de changer la perception de l'Occident.» Alors qu'Israël avait été en quelque sorte «épargné», Assange a déclaré dans une interview à Al Jazeera que WikiLeaks dispose également de documents «sensibles et classés» sur la guerre israélienne au Liban en 2006, sur l'assassinat du cadre du Hamas Mahmoud Al Mabhouh, crime attribué au Mossad, ou encore sur des membres du Fatah, le parti du président palestinien, qui aurait demandé à Israël d'attaquer le mouvement rival Hamas en 2007… Mais ceci n'est qu'un aperçu des 3700 «câbles» qu'il détient sur l'Etat hébreu. «Nous n'avons aucun accord secret avec aucun pays», a-t-il affirmé, ajoutant : «Nous n'avons aucun contact direct ou indirect avec les Israéliens.» WTF contre WikiLeaks Assange a précisé que ce qui a déjà été publié sur Israël ne constitue que 2% des documents en possession de WikiLeaks sur ce pays. Par ailleurs, une équipe complète a été déployée, la WikiLeaks Task Force, qui a pour but de bloquer tous les éléments qui s'opposeraient au gouvernement américain et qui mettraient en danger, que cela soit directement ou indirectement, la sécurité nationale. «Même le personnel en interne n'a pas accès à toutes les informations», a affirmé un ancien officier de la CIA à la retraite. C'est dans la culture du pays. Et il ne faut pas que cela change. Avec WikiLeaks, ce ne sont pas tellement les citoyens qui sont menacés, mais plutôt les hautes sphères, les gouvernements, les personnes de pouvoir. Et il faut que cela cesse. Voilà le rôle de la WTF. Désormais, la CIA est quelque peu frileuse quant il s'agit de recruter de nouveaux informateurs et craint de nouvelles fuites.