Que s'est-il réellement passé la nuit du jeudi 16 décembre dans les locaux de la sûreté de wilaya de Constantine ? Quelles sont les circonstances exactes de la mort de Kamel Toufouti ? En attendant les conclusions de l'enquête préliminaire ordonnée par le procureur de la République près le tribunal de Constantine, il reste difficile de se prononcer sur l'affaire en avalisant l'une des deux thèses avancées. La première, celle du suicide du prévenu, qui se serait étranglé avec les lacets de ses chaussures, a été présentée par les services de police au moment où ils avaient informé le frère du défunt sur le drame, soit jeudi vers 22h. Mais cette thèse est balayée d'un revers de main par la famille Toufouti qui, après avoir procédé à une deuxième identification du corps de Kamel le lendemain de sa mort, soit le vendredi 17 décembre, découvre, selon les déclarations de Mouloud Toufouti, consignées dans le rapport et la plainte déposés auprès de la LADDH, des traces de coups sur différentes parties du corps, et surtout un œdème important au niveau de la tempe. Dès le lendemain de l'annonce de la mort d'un homme à l'intérieur même du siège de la sûreté de wilaya, une commission d'enquête, présidée par le directeur général de la police judiciaire au niveau de la DGSN, a été enclenchée, alors que de son côté, le procureur de la République s'autosaisissait de l'affaire et ouvrait une enquête préliminaire. Les mis en cause, un officier et sept agents des services de la police, qui étaient de permanence le soir des faits, ont été suspendus et mis en garde à vue au motif de négligence grave ayant entraîné mort d'homme. Ils ont été, deux jours plus tard, auditionnés par le procureur. Entre-temps, des émeutes éclataient deux fois de suite à Hamma Bouziane (commune et chef-lieu de daïra distante de 20 km de Constantine), lieu de résidence de la famille Toufouti. Une vive tension est perceptible à tous les niveaux ; les risques de débordement, voire d'affrontement entre agents de l'ordre et la population sont omniprésents. Ce climat n'est pas près de s'estomper tant que les conclusions du rapport d'autopsie ne seront pas rendues publiques. Ce flou suscite spéculations et appréhensions quant à une éventuelle manipulation des conclusions du rapport.