Les clients traditionnels — basés en Amérique du Sud et au Sud-Est asiatique et à de faibles proportions en Europe — ont acheté le phosphate algérien au prix de 75 dollars la tonne. Malgré l'amélioration progressive de la demande étrangère et une conjoncture mondiale moins défavorable, les exportations algériennes de phosphate peinent à se redresser. Sur les deux millions de tonnes prévues, seulement 1,5 million de ont pu être placées sur le marché international en 2010. La tendance est, certes, à la hausse par rapport à 2009 avec à peine 1 million de tonnes, mais l'explosion de la demande mondiale ayant marqué l'année en cours n'a pas eu d'incidence positive sur les ventes algériennes de phosphate, indiquent des sources proches de Ferphos Group. Le même constat est également établi du côté de l'entreprise portuaire (EPAN), la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) et des Douanes de Annaba. Les performances réalisées en 2008, faut-il le rappeler, se sont traduites par l'exportation de 2 millions de tonnes. L'Algérie peine ainsi à peser sur le marché mondial qui se caractérise par des bouleversements cycliques. C'est le cas en 2010. Après deux années de marasme induit par la situation de récession qui a touché l'économie mondiale à la fin de 2008, la demande a pu recouvrer sa robustesse. La hausse des prix du phosphate et des engrais phosphatés y était pour beaucoup. Une conjoncture de reprise dont l'Algérie n'a que très peu profité. Lamine Taha Chouiter, consultant international en pétrochimie, explique cette reprise par l'explosion de la demande mondiale de produits agricoles et le besoin de renforcer les surfaces cultivables. Aussi, l'option, à partir de 2009, pour les nouvelles applications du phosphate (production des bioénergies et épandage direct de phosphate brut au titre de substituts aux engrais solubles), a sensiblement impacté le comportement du marché mondial et la balance des prix. Après une chute vertigineuse en 2009 (de plus de 60 % par rapport à 2008), suite aux prolongements des retombées de la crise mondiale, les cours du phosphate ont entamé leur reprise à partir du deuxième trimestre de l'année en cours. «Après avoir atteint des niveaux de plus de 300 dollars/tonne avant le déclenchement de la crise, les prix s'étaient contractés pour s'inscrire aux alentours de 70 dollars, et ce, à partir de fin 2008. Aujourd'hui que les stocks mondiaux commencent à s'épuiser dans un contexte d'amélioration des perspectives économiques globales, les cours se redressent et se stabilisent», note M. Chouiter. Ils oscillent actuellement entre 80 et 90 dollars/tonne. Un niveau assez élevé comparativement aux prix appliqués par Ferphos Group. En effet, les clients traditionnels -basés en Amérique du Sud et au Sud-Est asiatique et à de faibles proportions en Europe - ont acheté le phosphate algérien au prix de 75 dollars/tonne. Un ancien haut responsable de Ferphos trouve que «la problématique des prix de vente ne se pose pas et n'est pas spécifique à notre pays». La même source a relevé d'ailleurs qu' «on nous a toujours reproché le fait de vendre moins cher que les prix appliqués sur le marché mondial». Mais il a précisé sur sa lancée que «les cours du phosphate dépendent de beaucoup de facteurs tels que les conditions logistiques, de négociations et la qualité». Plusieurs spécialistes du secteur minier s'accordent à dire que le volume destiné à l'exportation, soit de 1 à 1,5 million de tonnes par an, n'est pas de nature à placer l'Algérie en bonne position sur le marché international, en dépit même de ses 2 milliards de tonnes de réserves expertisées. Par ailleurs, Djillali Salhi, PDG de l'Entreprise portuaire de Annaba (EPAN), a fait remarquer que «la baisse comme la reprise des exportations de phosphate sont ressenties au niveau des prestations du port de Annaba, liées surtout au remorquage et au pilotage. Mais je pense que la pente est positive.» Selon lui, le secteur des phosphates, à l'image des exportations industrielles (ammoniac et hydrocarbures raffinées), commence à renouer statistiquement avec la dynamique des années 2006, 2007, 2008. Pour son entreprise, cela pourrait se traduire par le rétablissement de l'équilibre dans le trafic portuaire, tributaire des fluctuations des phosphates, des produits sidérurgiques, de l'ammoniac et des hydrocarbures raffinés.