La présence de représentants du groupe minier Ferphos parmi la délégation présidée par le ministre de l'Energie et des Mines, en visite de travail en Argentine de plusieurs jours, et entamée dimanche dernier, est-elle annonciatrice de la réouverture du boulevard aux exportations algériennes de phosphate ? Tout porte à le croire, si l'on se réfère aux déclarations optimistes sur la question que nous a faites à Alger Abdelhamid Slougui, président du directoire de la Société de gestion des participations de l'Etat SG Somines, propriétaire de Ferphos. En effet, selon ce responsable, de grands contrats sont en cours de négociations avec des clients assez importants. Il s'est toutefois abstenu de donner des détails sur les pays preneurs et le volume desdits contrats. Pour lui, les objectifs de deux millions de tonnes arrêtés pour l'exercice 2009 seront atteints même si les exportations au premier trimestre étaient timides. En 4 mois, seulement 130 000 tonnes de phosphate ont pu être exportées au moment où, en 2008, ce volume était largement dépassé en 20 jours. A ce rythme, d'aucuns prédisent que sur les deux millions de tonnes prévus, le seuil des 600 000 tonnes sera sans conteste difficilement franchi. Une situation ayant profité à nos voisins de l'Est qui, au premier trimestre 2009, ont pu placer sur le marché international plus de 400 000 tonnes sur des objectifs de 1,3 million de tonnes. M. Slougui impute la sensible décrue des exportations algériennes à l'impact de la crise mondiale. Au même titre que plusieurs autres produits. Cette dernière n'a pas épargné le marché des phosphates, non côté en Bourse. La baisse vertigineuse des prix sur le marché international a, selon lui, poussé l'Etat algérien à freiner ses exportations en attendant la stabilisation des cours. De 300 dollars la tonne en 2008, les prix ont sensiblement baissé pour atteindre entre 90 à 105 dollars actuellement. « Nous ne voulions pas brader notre phosphate. Nous avons eu des offres à des prix très bas. Aujourd'hui que les cours sur le marché mondial commencent à recouvrer une certaine stabilité, nous sommes en train de négocier de gros contrats », a-t-il expliqué. Dans ce sillage, M. Slougui a confirmé l'information selon laquelle l'Algérie aurait décliné une offre d'achat global des deux millions de tonnes aux prix de 40 dollars la tonne. Une offre issue d'un client indien qui aurait même été prêt à procéder au chargement immédiat des deux millions de tonnes. « Effectivement, un client indien est venu nous proposer d'acheter les deux millions de tonnes à un prix très bas, soit 40 dollars la tonne et qu'il était prêt à les enlever dans l'immédiat. Nous avons bien sûr décliné son offre. Notre phosphate n'est pas à brader », a noté notre interlocuteur. Les représentants de Ferphos seront-ils convaincants vis-a-vis de leurs interlocuteurs argentins et rentreront-ils avec de conséquents contrats dans leurs bagages ? D'autant que le pays hôte est l'une des puissances agricoles mondiales, donc grand utilisateur de fertilisants, dont les engrais phosphatés. L'Algérie espère exporter 30 millions de tonnes, à partir de 2020, ce qui sera à même de générer des recettes en devises situées entre sept et huit milliards de dollars par an.