Cinq ans après la parution de son premier album «Iji ljijel taamel dara », Haroun revient avec un CD merveilleusement travaillé à Alger. Du pur hawzi. Six morceaux à s'offrir juste pour le plaisir de l'écoute. Depuis ses premières intrusions dans le monde musical, au début des années 1980, Haroun a surfé entre la musique traditionnelle andalouse, la musique pop et même classique, avant d'atterrir dans le hawzi. - En premier lieu, pouvez-vous revenir pour nos lecteurs sur votre parcours musical ? En 1982 à Alger, j'ai intégré l'association d'andalou Morsilia durant une année. L'andalou est pour moi la base de tout chanteur chez nous. Puis au collège et au lycée, j'ai versé comme tous les jeunes de l'époque dans la musique occidentale tout en gardant mon penchant pour la musique hawzi. J'ai fait le piano mais surtout le chant. J'ai aussi fait partie, durant quatre ans, d'une chorale de negro-spiritual et pendant deux ans on a fait du classique à l'institut Geothe. En 1989, lors d'une soirée privée, Nouri Koufi m'a demandé de chanter quelque chose. Envoûté par ma prestation, il m'a encouragé à m'engager dans le chant; et depuis, il m'a pris en charge et j'ai intégré sa troupe en tant que choriste. En 1998, je suis parti en Tunisie et quand je suis rentré en 2004, on a fait notre premier album à Jijel « Iji ljijel taamel dara ». - Des chansons composées par Khaled Sefir Des compositions et des paroles à 100% de Khaled Sefir, un musicien et chanteur connu à Jijel. L'album a eu un très bon écho, que ce soit à Jijel ou à Alger et même à l'étranger, là où vivent des Jijelis. - La gestion de la sortie de ce premier album a échoué à cause du piratage des titres ? Effectivement, ça a été un peu un fiasco, commercialement parlant. L'album a été donné à un éditeur pour le sortir en cassette, alors que le CD se vendait illégalement à Jijel avant la sortie de la cassette. Lors de l'inauguration du port de Boudis en 2005, notre CD se vendait à notre insu. Khaled Sefir n'a plus rien fait depuis, parce qu'il a été traumatisé par la tournure des choses. - Après cet épisode, comment a germé l'idée du deuxième album? Après cet épisode, j'ai repris l'animation des soirées de mariage et galas à Alger, seul, avec Nouri Koufi ou encore avec Naïma Dziria. L'idée du deuxième CD a germé juste par le fait que nous sommes des chanteurs de hawzi. C'est un retour aux sources. On a voulu faire quelque chose à écouter et non pas dans un but commercial. Le choix des morceaux suit la chronologie logique d'une soirée de mariage. L'album est sorti au mois de juin dernier et il est en pleine promotion. - Comment voyez-vous la vie musicale à Jijel ? Malheureusement, la musique, ici à Jijel, est un peu stagnante, elle n'évolue pas. Parallèlement la musique moderne, pour ne pas dire le raï, a pris de l'ampleur, alors que traditionnellement Jijel était beaucoup plus connue pour ses troupes de chaâbi et d'andalou. La triste réalité à Jijel est qu'il est difficile de trouver un pianiste ou un violoniste, deux pièces maîtresses dans un orchestre. C'est pour cela que lorsque je suis sollicité pour un mariage, je préfère ramener des musiciens d'Alger. - Avez-vous d'autres projets à l'avenir ? Il y a des gens maintenant qui savent que je suis dans le domaine et qui me proposent des compositions. Je citerai Yacine Bouzama pour des chansons hawzi et Aâroubi algérois et une seconde tentative avec Khaled Sefir pour d'autres compositions inédites. L'an prochain, je prévois des reprises de Samy Meghrabi et un duo avec Naïma Dziria. Donc, ça devrait être deux produits, c'est-à-dire deux CD. Le mot de la fin. J'espère qu'on reconnaît que je suis jijeli et non pas algérois.