Il s'appelle Haroun, Haroun Rachid, homonyme de l'illustre compositeur. D'ailleurs l'analogie embrasse également l'amour et la passion de la musique, notre homme est un mordu d'andalou et de chaâbi. Installé en Allemagne, à Berlin plus précisément, depuis une bonne douzaine d'années, notre ami originaire du quartier de Belfort à El-Harrach, dans la banlieue est d'Alger, a vite fait d'exporter la musique du terroir algérien vers ce pays. «En Allemagne, raconte-t-il, les concerts d'andalou drainent un important public, et beaucoup d'Allemands m'étonnent lorsqu'ils me parlent de cette musique, des noubate, etc.» Haroun a été très jeune contaminé par cette musique. Il a fait ses débuts au sein du conservatoire de Belfort dans les années 70 sous la houlette des H'ssen Benchouban, Rezki Harbit et d'autres encore, et ses préférences en termes d'instruments se sont ancrées dans le violon et la mandoline. Plus tard, il a fait des passages par différentes associations musicales: Al Moussilya, Al Fakhardjia, As Sandoussia, etc. Ces passages ont affiné sa pratique de ses deux instruments de prédilection. Il a eu aussi à côtoyer ceux dont on entend parler aujourd'hui et qui s'appellent Chaouli, Djaâfri, Hamidou, et tant d'autres. Dans les années 84-85 il a accompagné au violon l'orchestre de la chanteuse Nadia Benyoucef dans les mariages. C'est ainsi qu'il s'est fait remarquer par Maâti Bachir, qui l'intègre à l'orchestre de la RTA de l'époque. Fin des années 80, Haroun Rachid monte en Allemagne pour raison familiale, mais finit par s'y installer. Il rencontre des musiciens allemands de Munich férus d'andalou. Il y a cette femme qui excelle avec son luth, ses deux autres amis qui se sont mis à la derbouka et au violon. Ensemble ils animent des soirées pour le plus grand plaisir des mélomanes germaniques et des ouled l'bled de là-bas. Et comme c'est aussi bien parti, il en ressort deux albums qui ont très bien marché. N'est-ce pas le magazine Rolling Stone qui a réservé un accueil chaleureux au tout premier produit. Un troisième album est en chantier et devra sortir en Algérie et en Allemagne. Le rêve de Haroun est d'exécuter, dans les règles de l'art et dans la plus pure tradition, une nouba complète. Il en parle avec la dévotion d'un scrupuleux fidèle, l'un des gardiens du temple andalou. Bonne chance l'ami!