Selon les habitants, l'ancien wali délégué de Baraki, installé actuellement à El Harrach, a grugé les habitants en promettant de les reloger avant fin décembre. Diar El Baraka ! Mais de quelle baraka parlez-vous ?» Khaled, un jeune de Baraki, a toujours vécu dans la cité construite en 1959 par un propriétaire terrien, allié de l'administration coloniale, pour ses khemmas.«Mon père, ouvrier, qui a servi le notable, propriétaire des lieux, est mort d'un cancer du poumon. Moi aussi je connaîtrai sûrement le même sort», prédit, désabusé, le jeune trentenaire fatigué par de longues nuits d'insomnie.La cité, dont certains habitations faisaient office d'écuries, s'est agrandie : des baraques en parpaing, aménagées durant les années de terrorisme, se sont greffées aux maisons surmontées de coupoles visibles depuis la route principale de Baraki. La cité, qui devait bénéficier d'une opération de «requalification» en 1989, s'est dégradée pour ressembler à une «casse» : les routes, pourtant bitumées il y a peu, sont parsemées de flaques d'eau. L'odeur de la terre retournée se mélange à celle des déchets et des eaux usées suintant des canalisations éclatées des sanitaires collectifs aménagés par les habitants. «Nos familles s'entassent à plusieurs dans deux chambres mal aérées, fissurées. J'occupe depuis 47 ans notre koubba (les habitations de la cité ont une forme de mausolée) avec mes quatre frères, tous mariés. Pour notre grand malheur, ma sœur divorcée est venue nous disputer notre cagibi infect. On l'a installée avec ses 3 enfants dans une baraque en tôle que j'ai aménagée dans la cour», raconte Ali, qui tient par la main son enfant asthmatique. «Tous nos enfants sont malades. Ils sont tous asthmatiques ou souffrent de maladies de la peau, mais qui s'en soucie ? Sûrement pas les nababs de l'APC ou de la wilaya !» Un calme précaire est revenu après les derniers mouvements de protestation. Des jeunes se rassemblent à l'entrée de la cité où les effectifs de la police ont été renforcés en prévision d'un éventuel mouvement de colère. «Nous avons été programmés après Diar Chems. La rahl' devait se faire en mars. L'ancien wali délégué de Baraki, installé actuellement à El Harrach, a grugé les habitants en promettant de les reloger avant fin décembre. Les rendez-vous se succédaient et le comité de quartier désigné par les habitants n'a pas reçu des logements, mais des promesses toujours réitérées», se désole un résidant qui craint que la situation ne dégénère dans les prochains jours. Les habitants croient savoir qu'une partie du millier d'occupants de Diar El Baraka sera relogée. «Des résidants ont été placés dans des chalets et leurs habitations ont été détruites en 2002. A l'emplacement des maisons, les autorités ont commencé à construire des bâtiments qui ne sont pas encore finis. L'attente a été longue, les résidants réclament un relogement rapide. Des étrangers à la commune ont été relogés à Haouch Mouhoub, un quartier voisin. A Diar Chems, deux opérations ont été lancées ; ici on veut semer la zizanie et pousser les gens à réoccuper encore la rue», déplorent des habitants, qui affirment que sans le mouvement de protestation de la semaine dernière, les autorités les auraient encore oubliés. Pour les résidants, les autorités ont trouvé le «bon bouc émissaire». «Notre problème est plus profond. Mais pour apaiser notre colère, on nous assure que le chef de service de la daïra est derrière nos déboires. C'est vrai, 77 dossiers de faux bénéficiaires ont été recensés, mais le problème de corruption est plus important. Le copinage mine l'administration», assurent les habitants. «La prochaine émeute n'épargnera personne», dit, menaçant, un jeune qui nous montre son visage tuméfié après avoir été matraqué par un CRS. A la mairie, on se contente de rassurer : «Nous travaillons avec le comité du quartier et de la wilaya, la solution viendra sous peu», nous a indiqué le président de l'APC de Baraki.