La plupart des habitants des cités et quartiers des périphéries d'Alger vivent dans des conditions en-deçà des normes urbanistiques. L'exemple de Diar El Baraka, dans la commune de Baraki, est révélateur. Constitué de maisons de style mauresque, ce quartier se dégrade à vue d'œil, se transformant peu à peu en une sorte de ghetto. Les habitants du quartier de Diar El Baraka se sentent oubliés. «Les pouvoirs publics nous promettent des logements. Et nous attendons en vain depuis plus de deux ans», ont indiqué des citoyens approchés sur les lieux. Entre-temps, Diar El Baraka se bidonvillise, car en attente d'une délocalisation imminente, la négligence s'est peu à peu installée, avec les inévitables conséquences désastreuses sur l'environnement et le cadre de vie : des poubelles éventées jonchent les rues, l'éclatement des conduites d'égouts sont récurrentes, générant des flaques d'eau nauséabondes qui pullulent de bactéries. En ce début de fortes chaleurs, les habitants s'attendent au pire, et le spectre de la conjonctivite est un moindre mal. Autre aspect évoqué par nos interlocuteurs : ceux qui veulent entamer des travaux ne savent plus sur quel pied danser. Des habitants à bout d'espoir ont érigé des constructions… d'infortune. Crise du logement oblige, les terrasses sont squattées, de nouvelles pièces sont rajoutées dans un désordre indescriptible. Le style mauresque ? Qui s'en soucie encore ? Il faut juste parer au plus pressé, avoir un toit sur la tête même au milieu des routes boueuses et des trottoirs défoncés. Pour compléter ce triste tableau, l'immense détresse des jeunes «assis sur un banc, à ne rien faire». Tel est leur quotidien.Diar El Baraka, la mal nommée, est située au milieu d'habitations individuelles nouvellement construites à Baraki. C'est le plus ancien quartier de cette ancienne région agricole. On raconte qu'un notable originaire de Biskra, Si Bengana, avait investi dans la construction de maisons de style mauresque durant la période coloniale. «Il jouait double jeu durant la guerre de Libération : il collaborait avec les forces coloniales tout en cachant les moudjahidine dans les caves de ses demeures», racontent des anciens.