En septembre 1939, Magdeleine Hutin (1898-1989) a fondé, à Touggourt, la congrégation religieuse des contemplatives «Petites Sœurs de Jésus» l Il s'agit d'une nouvelle congrégation religieuse qui s'inspire de la spiritualité de Charles de Foucauld, enterré à El Goléa. Magdeleine Hutin, devenue Petite Sœur Magdeleine plus tard, était venue en 1938 en pèlerinage en Algérie sur les traces du père de Foucauld et espérait vivre une vie contemplative semi-nomade en milieu musulman quand elle rencontra le père René Voillaume qui avait fondé les petits frères de Jésus en 1933 et trente ans plus tard, les petites sœurs de l'Evangile. Après une formation au noviciat chez les sœurs blanches d'Alger, petite sœur Magdeleine fait ses premiers vœux religieux et installe la première fraternité des petites sœurs de Jésus, une nouvelle congrégation religieuse, à Touggourt. On lui a proposé une maison envahie par le sable et pour la remettre en l'état, elle embauche des gens du voisinage et travaille au coude à coude avec eux du matin au soir.Ce partage quotidien de la dureté de la vie ne tarde pas à créer des liens de confiance qui subsistent à ce jour.La première maison de la fraternité des petites sœurs de Jésus a été édifiée près de Sidi Boudjenane, un des saints patrons de la ville de Touggourt, à proximité des populations nomades. Avec les moyens du bord, sœur Magdeleine s'est lancée dans le jardinage et planta 40 palmiers pour subvenir aux besoins de la fraternité et apporter l'aide nécessaire aux voisins. Les ouvriers sont vite devenus des amis et se sont sentis partie prenante de la fondation. Petite sœur Magdeleine, la fondatrice, disait aux petites sœurs : «De grâce, vous qui m'entendez, rappelez-vous toujours cela : le plus misérable des êtres humains que vous rencontrez sur votre chemin est un homme. La dignité humaine est quelque chose de si grand ! Il faut toujours la respecter. Ne traitez jamais personne avec supériorité car devant Dieu il n'y a pas de supérieur et d'inférieur.» Par rapport aux relations avec les gens de Touggourt qu'elle appelait les premiers amis, elle disait : «Je pense à cette amitié si profonde ; j'ai passé avec eux une période extraordinaire de ma vie et j'ai su qu'un amour d'amitié pouvait exister avec des différences de race, de culture, de religion, de condition sociale. J'ai toujours demandé le respect des autres croyances et des autres religions. J'ai parlé ma vie durant d'amour gratuit, qui n'ira pas aux êtres pour les convertir mais uniquement par amitié, par amour et pour partager les souffrances et être proche par la vie.» Première fraternité, première maternité «C'est avec eux que j'ai fondé la fraternité», disait petite sœur Magdeleine. Et c'est avec eux et pour eux qu'elle a fondé la première maternité de Touggourt par nécessité pour coordonner les efforts de petite sœur Jeanne Andrée qui était sage-femme diplômée. Aidée des petites sœurs qui n'arrivaient plus à prendre en charge les parturientes avec des déplacements fréquents à domicile, elles ont assuré les accouchements et le suivi des mères et des enfants de 1967 à 1973, date de l'ouverture de l'hôpital de Touggourt. La maternité des petites sœurs de Jésus apportait aide et réconfort aux jeunes mamans. Dans les pires moments de misère, les gens de Touggourt se rappellent que les petites sœurs achetaient médicaments et vaccins et organisaient des quêtes. Pour celles qui continuent à vivre à Touggourt de nos jours, ce n'est pas seulement un édifice en pierre qui a été élevé en ce lieu mais une maison bâtie sur le roc de la confiance, entre une femme venue d'ailleurs et les gens de Touggourt. Aujourd'hui encore, 70 ans après la fondation de la fraternité des petites sœurs de Jésus à Touggourt et 20 ans après le décès de petite sœur Magdeleine, sa fondatrice, cette amitié demeure dans un respect mutuel.