Du fait de la prolifération du commerce informel, l'anarchie règne au centre de la ville de Médéa, où les marchands occasionnels ne laissent plus aucune artère libre. Aux abords du marché des fruits et légumes de la ville, la situation est des plus critiques. Des vendeurs informels, dont le nombre augmente au fil des jours, ont investi tous les espaces du centre-ville en débordant sur les rues Cheikh Touhami, Ferah Ahmed, celle des Quatre martyrs jusqu'à la place des chouhada, dite «Tahtania». Plusieurs opérations «coup de poing» menées par la police n'ont pas dissuadé ces marchands occasionnels qui reviennent dès le lendemain sur les lieux. Les habitants de la place du Marché ont plusieurs fois porté plainte auprès des autorités locales afin qu'ils réagissent et mettent fin à cette situation d'anarchie. Le ras-le-bol est nettement visible sur les visages des Médéens qui ne veulent plus continuer à subir ce calvaire. La mobilité des passants, disent certains d'entre eux, est devenue impossible.Le centre-ville est plongé dans une atmosphère électrique et d'insécurité. «La pagaille profite aux pickpockets et autres malfaiteurs», déclare un sexagénaire. En effet, tout au long de la journée, les ruelles ne désemplissent pas et les voleurs trouvent leurs proies facilement au milieu des bousculades. Pourtant, il y a une année, les autorités locales avaient lancé un projet de restauration de l'ancien marché. Ils ont aussi promis qu'avec la réouverture de cette structure, il sera mis fin à la présence de ces commerçants illégaux. Les travaux à peine achevés, les marchands de fruits et légumes ont été invités à régulariser leur situation de location et reprendre leur activité. Vu que la promesse d'éradication des commerces informels, obstruant les accès au marché, n'a pas encore été exécutée, les marchands concernés refusent de rejoindre leur nouveau stand. «Nous ne sommes pas prêts à reprendre notre activité dans la pagaille. C'est comme si on revenait à la case départ, car le commerce informel est source de grand désordre au centre-ville et porte préjudice à l'activité du commerce légal», nous disent des marchands. Interrogés à ce sujet, certains élus locaux ont évoqué le fait que l'APC ne peut s'engager, seule, dans une opération d'envergure contre le commerce informel. Elle serait d'avance, vouée à l'échec, estiment nos interlocuteurs. Dans l'attente d'une action efficace, radicale et durable, la ville de Médéa continue à vivre dans le désordre.