Milan Urban, qui a effectué une visite en Algérie entre les 13 et 17 novembre, revient sur l'état des relations économiques entre l'Algérie et la Tchéquie et sur l'expérience de privatisation dans son pays et la stratégie adoptée dans la promotion des exportations des produits tchèques. Votre pays est nouvellement membre de l'Union européenne (UE), ce qui est une nouvelle expérience pour votre pays. Qu'a apporté cette expérience à la Tchéquie ? La République tchèque est actuellement un pays économiquement développé, politiquement stable. Durant les 15 dernières années, le pays a connu des changements économiques et politiques majeurs. D'un système planifié, l'économie est devenue celle du marché. Cette transition s'est traduite par la privatisation des entreprises publiques. Un travail de restructuration des entreprises a été fait. Aujourd'hui, les entreprises privatisées, par leurs produits de qualité, sont compétitives sur les marchés internationaux. La privatisation a touché également le secteur bancaire. La restructuration des entreprises a concerné, d'abord, l'augmentation de la productivité et du rendement ainsi que l'amélioration de la qualité et des prix des produits. Notre économie est dépendante des exportations. Seuls les produits de qualité peuvent s'imposer sur les marchés étrangers. L'un des facteurs ayant aidé à l'amélioration de nos produits est le développement des nouvelles technologies. Cependant, notre expérience de transition n'était pas sans difficulté. Le passage à l'économie du marché a fait beaucoup de mal. Au cours des premières années de restructuration, le taux de chômage a augmenté. Aujourd'hui, les entreprises restructurées créent beaucoup de postes d'emploi. Quel est l'apport des exportations dans l'économie tchèque et quels sont les pays auxquels sont destinées ses exportations ? La Tchéquie coopère avec des pays de l'UE. 86% de nos exportations vont vers ces pays. Notre plus grand partenaire est l'Allemagne. La République tchèque est à la chercher d'autres opportunités en dehors de la communauté européenne. L'Algérie, qui a signé un accord d'association avec l'UE, représente une opportunité stratégique, tout comme d'autres pays de l'Amérique latine et la Russie. Votre gouvernement a adopté une stratégie d'aide aux opérateurs dans leur quête de marchés extérieurs. Votre visite en Algérie s'inscrit-elle dans cette logique ? Nous accordons beaucoup d'importance à l'exportation et nous avons créé un système de promotion. Les ministres voyagent partout pour promouvoir les exportations. Nos ambassades disposent d'organismes voués à ce type d'activité. Nous disposons aussi d'une agence gouvernementale, Tchèque Trade, qui est chargée de la promotion des exportations. Nous avons aussi une banque d'exportation, une banque d'Etat, qui finance les projets liés à l'exportation. Mais il y a, de surcroît, une partie des finances publiques qui est consacrée à la promotion de ce type d'activités. Est-ce que les opérateurs économiques tchèques connaissent les opportunités d'investissement que présente l'Algérie ? Est-ce qu'il y a des hommes d'affaires intéressés par l'investissement en Algérie et dans quel domaine d'activité ? Nos hommes d'affaires accordent un intérêt énorme au marché algérien. D'ailleurs, je suis accompagné, durant cette visite, d'une importante délégation d'hommes d'affaires activant dans la pétrochimie, le transport et l'aménagement de l'eau. Ce qui est important maintenant, il ne s'agit pas seulement de simples échanges commerciaux, mais nous sommes à la recherche du partenariat qui se réalisera par la création d'entreprises communes. Cela pourra se réaliser en connexion avec le programme de développement lancé par l'Algérie pour la période 2005-2009. Dans ce genre d'entreprises, la Tchéquie pourra livrer la technologie et les Algériens les projets et les terrains. Cela nous intéresse, en particulier dans le domaine d'épuration de l'eau (réalisation des stations d'épuration). Toujours dans le cadre du programme du développement tracé par l'Algérie, nous sommes en train de réfléchir sur des programmes d'investissement. Il y a des entreprises qui connaissent bien l'Algérie depuis les années 1980 et 1990. Ce sont des entreprises qui participent à la construction des barrages et à la livraison des équipements industriels. Si nos grands-pères et nos pères connaissaient bien l'Algérie, il faut que nous aussi y revenions. Nous nous sommes mis d'accord sur plusieurs points importants, tels que l'organisation d'une rencontre des experts pour l'échange d'expériences dans le domaine de la réforme économique. Je crois que ma visite sera suivie par d'autres rencontres au niveau des Premiers ministres des deux pays et peut-être une rencontre des deux Présidents. Il y a donc une volonté de part et d'autre de donner un nouveau souffle aux relations économiques. Est-ce qu'on peut s'attendre, dans cette foulée, à l'ouverture d'une ligne aérienne reliant Alger et Prague ? Il existait par le passé une ligne aérienne Alger-Prague-Moscou et c'est Air Algérie qui l'avait supprimée. Donc c'est aux Algériens de prendre une décision » (explication de M. Czerny, chargé d'Affaires au niveau de l'ambassade de la République tchèque en Algérie). Mais je peux dire de façon optimiste que si nous envisageons une intensification de nos relations, on peut aller vers la réouverture de cette ligne. Quel est l'état actuel des relations économiques algéro-tchèques ? Les échanges commerciaux s'élèvent présentement à 115 millions de dollars par an. La balance commerciale entre les deux pays est équilibrée. L'Algérie exporte vers notre pays le pétrole et nos exportation vers l'Algérie sont constituées notamment de produits industriels, des voitures et des équipements militaires, notamment les avions. En 2003, nous avons exporté vers l'Algérie une importante quantité d'avions militaires. Pour l'avenir, je crois que ce chiffre concernant le volume des échanges sera triplé. Plus l'Algérie se rapproche des standards européens, plus la coopération s'intensifie. Nous apprécions beaucoup les réformes qui sont entreprises par l'Algérie. Maintenant, le rôle des ministres est d'ouvrir la porte aux opérateurs de manière à ce que chacun puisse trouver son vis-à-vis.