Démarrée en fanfare, la campagne d'importation de semences de pomme de terre semble marquer le pas. Après les anomalies constatées sur la cargaison du «Captain Moskeev», rapportée par un opérateur de Mostaganem, ce sont pratiquement 200 tonnes de semences qui se sont fait refoulées pour non conformité de l'étiquetage et, surtout, parce qu'il s'agissait d'une variété non homologuée. Après être resté en rade dans l'attente d'une levée de la sanction qui ne viendra pas, l'opérateur se résoudra à réexporter cette semence vers son expéditeur. Cette première entorse à la réglementation semble avoir tétanisé les agriculteurs qui, contrairement aux années précédentes, ne se rueront pas sur la semence. L'expérience de l'année dernière est dans toutes les mémoires. On se souvient de l'arrivée massive et très précoce de grandes quantités de semence, ce qui incita les fellahs à planter tôt pour affronter un marché déstructuré. Une fois les besoins de Mostaganem satisfaits, le surplus de semence sera tout simplement stocké en rade. De nouveaux opérateurs découvriront, à leurs dépens, que le marché de Mostaganem n'est pas extensible. C'est alors la panique chez la corporation. Certains n'ont pas hésité pas à casser les prix en cédant le quintal à 4000 DA sans pour autant parvenir à redresser la situation puisque d'autres opérateurs, mieux introduits auprès des paysans, sont parvenus à écouler leurs stocks avec de faibles remises. On apprend, également, que plusieurs chargements ont été annulés auprès des fournisseurs. La débâcle était telle que deux opérateurs ont affrété un seul navire alors que l'un n'était pas en mesure de débarquer sa marchandise, obligeant le navire à rester en rade jusqu'à l'apurement de sa situation administrative. Car il était techniquement impossible de débarquer une partie de la cargaison sans mettre en danger la navigabilité du bateau. En ce début d'année, alors que deux navires sont attendus, pas moins de quatre bateaux sont en rade depuis plusieurs semaines. Même si on est parvenu à débarquer 50.000 tonnes, il reste entre 15.000 à 20.000 tonnes dans les calles. Les plus optimistes tablent sur un tonnage d'à peine 70.000 tonnes d'ici la fin janvier. On est très loin des 130.000 tonnes de l'année dernière. Ceci ne présage rien de réconfortant pour une campagne qui laissera des traces et qui n'augure rien de réjouissant pour les consommateurs.